Le premier livre d’Elise Cairus, doctorante en théologie pratique, l’humour des Evangiles, n’est pas un livre de blagues et s’adresse avant tout à un public large. Il présente quinze passages bibliques choisis par l’auteure où la Bonne Nouvelle et le second degré se marient avec subtilité. Interview.

Ce livre fait suite à un colloque sur l’humour et spiritualité en lien avec votre thèse sur l’accompagnement spirituel. Mais comment peut-on lier les deux, l’ironie et l’accompagnement spirituel?

Pour attirer l’attention de quelqu’un, dans la vie de tous les jours, nous usons beaucoup de l’humour, consciemment ou inconsciemment.L’humour, dans un entretien, crée du lien, suscite la distance nécessaire, interpelle, questionne, conforte et réconforte… Tout à coup, il y a une accroche qui fait que la personne s’ouvre. Il y a quelque chose qui raisonne en elle. Et certains récits du Nouveau Testament sont un moyen différent pour entrer en lien avec une personne. Ils sont assez parlants et on peut facilement se les imaginer. Par exemple, avec l’histoire de Zachée, on pourrait la mettre en scène au cinéma avec des acteurs assez drôles. J’ai pensé à Louis de Funès, parce qu’il incarne le burlesque. Mais ça pourrait être des acteurs qui se moquent d’eux même, comme Christian Clavier ou Rowan Atkinson (Mr. Bean).

Et justement, que pouvez-vous nous dire sur l’histoire de Zachée, ce collecteur d’impôt?

Il s’agit surtout d’un comique de situation: un petit bonhomme qui se fraye un chemin pour voir Jésus. Et ce que j’aime chez Zachée c’est sa curiosité, cette envie de vouloir se faire un avis par lui-même. Le retournement de situation est incroyable: Jésus décide d’aller manger chez lui, et pas chez ces pieuses personnes qui prennent les rites religieux au pied de la lettre. C’est ça l’humour de Dieu: il choisit le premier. La pire crapule peut justement recevoir la révélation, si elle choisit de dire «oui» à la proposition divine. C’est un petit clin d’œil, c’est une ironie subtile. Dieu aussi a de l’humour ! […]