Il s’agit ici des méfaits qu’apporte le dualisme occidental dans notre rapport aux Écritures bibliques. C’est que derrière les positions défendues au sein de l’Église protestante unie par ceux qui se nomment attestants comme par de nombreux autres, ici ou là, qu’ils puissent se penser libéraux, protestants orthodoxes ou évangéliques, se trouve à mon sens une philosophie sous-jacente non biblique.

Conformément à la tradition occidentale, cette pensée est dualiste et distingue, voire oppose, le contenant et le contenu, la forme et le sens, la matière et l’esprit, le signifiant et le signifié, le corps et l’âme, etc. Il s’agit d’une conception statique qui pose des éléments distincts liés par la relation qui unit, par exemple et pour le dire plaisamment, le vin et la bouteille : pour trouver le vin, il suffit de le chercher dans la bouteille, l’avantage étant que ce sera toujours le même vin. Autrement dit, pour apprendre ce que disent les Écritures de telle ou telle question, il suffit de chercher, parmi les mots qu’elles contiennent, ceux qui correspondent à la question posée.

Il n’est pas étonnant que l’on trouve la présence de cette conception – tout naturellement puisqu’il s’agit de la pensée qui nous habite depuis des siècles – dans la Confession de foi dite de la Rochelle, ou Confessio Gallicana(1559). Je la cite parce qu’elle se présente aujourd’hui comme l’un des exposés de la foi réformée les plus aboutis, parmi ceux qui sont nés à l’époque de la Réformation. […]