La musique country est pleine de gospels mettant en scène Dieu ou Jésus dans la vie quotidienne du chanteur. On le sait, Dieu est partout en Amérique. Du président prêtant serment sur la Bible jusqu’à la devise qu’on trouve sur la monnaie : In God we trust. Le National Day of prayer (premier jeudi de mai) date de la même époque et scelle la laïcité à l’américaine : ce jour-là on prie le Dieu que l’on veut.

Chanter Dieu

L’américain moyen n’a aucun complexe pour parler de Dieu dans sa vie. Tout cela est bien sûr lié à l’histoire des États-Unis qui s’est construite sur des vagues successives d’immigration causées par des persécutions religieuses en Europe (les quakers, les huguenots, les anabaptistes, les frères moraves, les puritains, etc.). Au départ principalement protestante, cette immigration deviendra catholique avec les irlandais chassés par la famine et la misère au milieu du XIXe siècle et les latinos tout au long du XXe siècle. Tous ces immigrants arrivent bien sûr avec leur musique, leur hymnologie. Ils vont ainsi marquer la chanson américaine et en particulier la musique country, c’est-à-dire la musique blanche des campagnes du grand ouest.

Dans le coffret de 130 chansons enregistrées entre 1927 et 1934 par la « Carter Family », on peut relever une bonne vingtaine de gospels. Le groupe connaît un grand succès et influencent durablement la musique country. There’ll be joy, joy joy et This is like heaven to me sont directement issues de livres d’hymnes religieux, d’autres sont des compositions d’Alvin comme Can’t the circle be unbroken, River of Jordan ou There’s no hiding place down there. Chez Bill Monroe, inventeur de la musique bluegrass caractéristique par la présence autour de la guitare du banjo à cinq cordes et de la mandoline, on trouve aussi He will set this world on fire, A voice from on high et Wait a little longuer, please Jesus où le chanteur demande un dernier sursis… Écoutez I’m gonna tell God how you treat me ou Ezekiel saw the wheel de Cisco Houston pour goûter le bonheur de chanter Dieu et la Bible avec ses amis musiciens.

Et parler de sa foi

Une mention particulière pour Give me that old time religion qui est devenu un standard dans beaucoup de livres de cantiques protestants. Il a été enregistré par de nombreux artistes. Il serait issu d’un traditionnel anglais mais serait à la confluence de la musique noire et de la musique blanche, ce que l’on appelle aujourd’hui le gospel du sud. En 1964, Bob Dylan chantait With God on our side où de manière ambigüe, le chanteur raconte l’histoire des guerres où les USA se sont impliqués, Dieu à ses côtés ! Sa conversion en 1979 lui a inspiré de nombreux textes faisant référence à Dieu et au christianisme dans l’album Slow train coming, avec la chanson I beleive in you en particulier. Joan Baez était avec lui auprès de Marthin Luther King dans la lutte pour les droits civils dans les années soixante et chantait des negro spirituals mais aussi Mary et le notre Père Hallows be thy name. Pour finir, citons Why me Lord, un énorme succès de Kris Kristofferson en 1973. On peut retrouver le récit de sa conversion sur YouTube, signe qu’aux États-Unis, les célébrités de la musique country n’hésitent pas à parler de leur foi avec naturel et conviction.