L’histoire est bien connue, tant fut considérable le retentissement médiatique de ce scandale sanitaire, industriel et administratif. Elle est opportunément remise en mémoire par ce film convaincant qui relate une grande victoire remportée pour les malades et sur des industriels irresponsables. Mais qu’apprend-on vraiment ?

Le dossier est simple – tous pourris ! ­- mais complexe : on n’y comprend pas grand’chose. Il y a les faits médicaux : la molécule active du Mediator provoque une dégradation sélective de certains tissus, conduisant à un mauvais fonctionnement des valves cardiaques. Il y a le dispositif scientifique : il ne suffit pas de la conviction d’un médecin énergique pour établir une causalité, et la science ne connaît que les preuves et vérifications contradictoires. Il y a le dispositif administratif, sanitaire en l’occurrence, dont les procédures et répartitions de responsabilité sont des garde-fous contre l’arbitraire individuel. L’urgence et les victimes qu’Irène Frachon invoque à tout moment dans son combat n’en sont que si elle a raison, et cela, en dehors d’elle et ses collègues proches, ne sera établi qu’en cours de route. Puis une autre bataille, tout aussi dure, s’engagera pour que s’ensuivent les décisions de politique de santé, puis judiciaires, et les indemnisations : à ce jour, la saga n’est pas complètement aboutie. […]