Il la remet sur la voie de la simplicité et la profondeur évangélique : l’amour plutôt que la loi !

Le pape François a engagé l’Église de Rome sur un chemin qui s’inspire du message de Jésus, non seulement en paroles mais aussi en actes, par des petits gestes qui sont plus que symboliques. Il était temps, car après les scandales à répétitions, l’Église catholique donnait le visage d’une Église enfermée dans un discours répressif et culpabilisant. Il n’a pas eu peur de bousculer les habitudes. Ainsi, lors du lavement des pieds, un rite traditionnel le Jeudi Saint qui rappelle le même geste posé par Jésus durant son dernier repas, le pape a choisi douze prisonniers qui, contrairement à la tradition, n’étaient pas tous des hommes ni des catholiques – il y avait parmi les détenus des jeunes femmes dont une musulmane… Cela fait écho à un thème qui revient souvent dans ses interventions, l’invitation que le pape lance à l’Église de « sortir » d’elle-même, d’aller aux « frontières », dans les périphéries territoriales et spirituelles, au contact des hommes et des femmes, quelles que soient leur situation et leurs convictions religieuses.

Des paroles d’amour

Autre propos qui a fait le tour du monde. Aux journalistes qui l’interrogeaient dans l’avion, lors de son retour du Brésil, à propos des personnes homosexuelles, le pape a répondu « Qui suis-je pour les juger ? » Il voulait montrer par-là que l’Évangile n’est pas d’abord une morale mais surtout une Bonne Nouvelle qui annonce que Dieu n’est pas un juge mais un libérateur. L’amour qui redresse est plus important que la loi qui condamne. Il est occupé à dessiner une Église catholique plus aimable, plus surprenante, moins figée, plus ouverte ; une Église qui intéresse davantage les chrétiens éloignés et les non-chrétiens, une Église qui met ses forces dans l’annonce de l’Évangile avant tout, plutôt que de faire la morale à tout le monde et de se croire l’unique vérité. Il fait vraiment bouger les choses même dans la gouvernance de l’Église. Ce n’est pas encore une démocratie mais c’est déjà la participation de tous à un projet commun. Sa décision d’envoyer un questionnaire sur les évolutions de la famille aux catholiques du monde avant la tenue d’un synode (une réunion d’évêques) montre sa volonté de prendre le pouls de l’Église.

Des paroles simples

Ce qui fait l’originalité du pape François, c’est aussi la manière simple de s’exprimer, un peu comme Jésus qui utilisait des paraboles, des images pour mieux se faire comprendre. On est loin de la langue de bois théologique pour initiés. C’est ainsi que pour décrire la mission de l’Église, il la compare à « un hôpital de campagne après la bataille ». Autrement dit, l’évangélisation, pour lui, passe d’abord par l’amour du prochain, la compassion pour les plus démunis et la bienveillance pour tous. On en revient toujours au message évangélique qui fait passer l’amour avant la loi et les principes, le service avant le pouvoir et la pauvreté avant la richesse. Pour quelqu’un comme moi qui a connu les bienfaits de Vatican II, je lui sais gré de reprendre la formule qui résume bien d’esprit de ce concile : « Une Église servante et pauvre », non pas en paroles seulement mais dans le concret, en mettant de l’ordre dans les richesses du Vatican et le train de vie de la Curie romaine. Il est possible que certaines personnes soient déstabilisées mais l’important est que ce pape fasse du bien à l’humanité tout entière, pas uniquement à l’Église. Or quelque chose de sa bienveillance semble communicative !