Il faut inventer un nouvel espace public de délibération ou un nouvel imaginaire commun se discute se forge et s’écrit. Pourrait s’y nouer la réconciliation entre le religieux et le politique pour participer à reconstruire la démocratie.

Les rapports entre l’Église et le pouvoir politique dans notre Europe occidentale peuvent s’observer selon trois étapes :

  • La première, celle des catacombes, où l’Église persécutée pour athéisme dans un empire qui instrumentalise le religieux pour durer apparaît comme une force subversive en confessant « Jésus Christ Seigneur »
  • La deuxième, celle de la chrétienté, où l’Église d’une part, les empires les royaumes, les principautés d’autre part, se disputent la suprématie dans un monde qui se conçoit comme une unité sous la dépendance des représentants de Dieu sur terre
  • La troisième dite de la sécularisation qui de la Réforme en passant par les lumières, le concordat napoléonien, et pour la France la loi de séparation de 1905, consacre la rupture entre un espace public dédié au pouvoir politique autonome et souverain, et un espace privé ou le religieux regardé avec quelque condescendance par l’état doit être confiné.

Cette étape dont nous héritons est bousculée, et donne lieu à des soubresauts autour d’un mot « la laïcité » auquel le protestantisme est associé, dont la doctrine des deux règnes dans toutes ses variantes luthériennes et calvinistes rend compte avec difficulté.

Minoritaires persécutés, puis acteurs de la loi de séparation des Églises et de l’état, les protestants français observateurs et partenaires de la société française sont bien placés pour analyser le sens et les pratiques qui relèvent de nos jours d’une utilisation de ce mot qui n’est plus qu’une valise remplie a la hâte : « la laïcité ». […]