A notre niveau, que pouvons-nous faire sans être découragés devant l’ampleur du problème, en évitant une austérité trop « calvinienne » ou une culpabilité trop « chrétienne » ? Que faire pour nourrir correctement ceux qui en ont besoin … Trois réflexions : l’aide d’urgence gratuite, la convivialité et faut-il faire payer ?

L’aide d’urgence massive est, hélas,  nécessaire. Les Restos du cœur répondent avec efficacité à cette demande ainsi que certains points de distribution des banques alimentaires auxquels s’ajoutent les actions de diaconats locaux ou de nombreuses associations. Grâce à ces actions, à leur travail de collecte et de distribution, on peut dire que l’on ne meurt pas de faim en France. Les soupes populaires ont toujours existé. Sans doute pourrait-on faire mieux, en créant, par exemple, des équipes de « fin de marché » qui récolteraient tout ce qui peut être récupéré. L’aide d’urgence se vit aussi au travers de rencontres dans la rue lorsqu’on répond aux sollicitations silencieuses ou plus ou moins exprimées d’un mendiant. Un coup de sonnette est aussi, parfois, un appel de la misère. Les dons, ici, sont souvent rapides et parfois sélectifs car on donne un peu « à la tête du client ». Les maraudes permettent également une aide d’urgence.

La convivialité

Si l’aide d’urgence est formidable à bien des égards, il ne faut pas oublier que manger est aussi un acte culturel, profondément humain et que la convivialité autour des repas est riche de sens. Manger debout, assis, couché, avec des baguettes, des couverts ou avec les doigts ; déguster du chien, des grenouilles ou des sauterelles ! Les repas expriment la richesse des nations ! L’aide alimentaire quand on peut le faire passe par cette convivialité, cet aspect culturel. Les repas du CASP, à Paris, où les paroisses invitent une cinquantaine de personnes à un repas le dimanche vont dans ce sens : tables dressées de nappes et de fleurs, un vrai menu et l’accueil par les membres de la paroisse présents à chaque table permettent à chacun d’être accueilli avec dignité car c’est bien une des grandes souffrances des exclus que ce sentiment de perte de la dignité. Le temps passé autour de la nourriture est donc fondamental. Les formules peuvent varier : petit-déjeuner, café aux points de distribution de denrées alimentaires… peu importe au final les formules ! Ici, ce qui compte, c’est le temps et le dialogue.

Faut-il faire payer ?

Que ce soit aide d’urgence ou repas où l’accent est mis sur l’accueil, la question de la participation financière se pose. Pour certains, c’est un refus ; l’aide est gratuite pour tous. Est-ce si simple ? En fait si une tarification est imposée, on risque de voir s’éloigner les plus démunis et d’en mettre certains dans l’embarras. En revanche, une participation volontaire à « l’euro symbolique » ou une participation libre est plus intéressante car cela peut rendre de l’indépendance à certains, de la dignité aux autres qui participent au circuit financier et à l’entraide. Notons que l’on peut demander une participation physique comme faire la vaisselle ou ranger ! Participer et donner le sens des responsabilités est toujours intéressant pour la construction et l’insertion d’une personne. et moi que puis-je faire ?

La Bible raconte beaucoup de récits de repas et Jésus lui-même est bien souvent à table, sans parler de la Cène ! Le repas est toujours signe de partage, d’accueil, de fraternité… signe du Royaume. Mais si on suit certaines paroles comme celles de Matthieu 25 : nourrir le plus petit d’entre nous c’est aussi nourrir le Christ. Une dernière idée : vous êtes seul, à midi ? Essayez d’inviter un SDF à manger un steak frites au café du coin !