« Et toi, dis-moi, en quoi crois-tu ? » La question semble porter uniquement sur une appartenance religieuse précise. Un peu comme dans un formulaire administratif où il s’agirait de cocher une case spécifique « de confession chrétienne », « juive », « musulmane », « sans religion » ou encore « autre ». La question de la croyance n’est-elle qu’une question de religion ? Pas du tout, répondent en chœur les spécialistes.

« L’homme est un animal croyant », constate sans détour le philosophe Charles-Eric de Saint-Germain, auteur de La défaite de la raison (éd. Salvator). Et de citer David Hume, philosophe du 18e siècle: « C’est parce que je ne peux m’empêcher de croire que le feu brûle que j’éviterai d’approcher ma main du feu, et ce même si je ne saurais démontrer l’existence d’un lien de causalité entre le feu et la sensation de brûlure. » Pour le philosophe, « la croyance est donc liée à l’action et à la vie ».

Des croyances sans Dieu

« Nous sommes tous croyants », affirme également la sociologue Prisca Robitzer, auteur d’une thèse sur la construction mentale de la laïcité. « Car tout être humain qui donne sens à son environnement intérieur et extérieur est croyant. » Les croyances ne se limitent donc en aucun cas à la question religieuse. « Même les scientifiques, qui prétendent que le progrès des sciences supprimerait les croyances sont des croyants qui s’ignorent comme tels, ne serait-ce que parce qu’ils ont foi dans la toute-puissance de la raison », enchaîne Charles-Eric de Saint-Germain. […]