Combien de fois les Français républicains n’ont-ils pas jugé leurs aînés des années trente ?

« Ils étaient vraiment trop naïfs et n’ont pas vu le danger venir » ou bien : « Pendant qu’Hitler et Mussolini menaçaient nos frontières, ils se divisaient en vaines querelles. » On en passe et de pires. La conclusion de ces propos de comptoir était toujours la même, proclamée sur un ton martial : « Jamais nous ne laisserons faire. » Aujourd’hui que les drames que l’on sait nous plongent non seulement dans l’horreur mais encore dans des abîmes de perplexité, la modestie nous gagne. L’heure a peut-être sonné de relire l’Histoire. Cette année, nous célébrons le 80e anniversaire du Front populaire. Aussitôt surgissent les images de liesse collective, associées, dans un délicieux folklore, aux premiers congés payés. Ces représentations nous émerveillent parce que rien n’est photogénique comme la joie. […]