Soulever un bout du voile

Quand j’étais petite, mes tantes portaient souvent un foulard sur la tête, et les fichus étaient de mise à la campagne. Personne n’y trouvait à redire. Était-ce sexiste ? Pas plus que les borsalinos ou les casquettes des hommes ! C’était la mode ou la coutume. Aujourd’hui ces morceaux de tissu sont devenus le sujet qui fâche. Ces fils de soie, de coton ou d’acrylique, au lieu de tricoter des liens, les distendent, y compris parmi les lecteurs de Réforme. Le foulard s’est fait voile, puis voile islamique et enflamme les esprits les plus sains.

Pour les uns, il ne peut être qu’un outil d’asservissement des femmes et des jeunes filles, tenues de « s’équiper » pour échapper aux pressions de leur frère, de leur père, du quartier. Pour les autres, se voiler est un acte libre, qui témoigne d’une foi, et que nul ne saurait interdire. Les premiers se veulent émancipateurs, défenseurs des Lumières face à la naïveté supposée des seconds, incapables de voir les dangers à venir. Ceux-ci, au nom d’une laïcité ouverte, dénoncent les atteintes à la liberté et soutiennent la responsabilité individuelle. Qui a tort ? Qui a raison ? […]