Il y a un an déjà, le comité des appels d’urgence du protestantisme se réunissait et lançait un appel au don et à prières, suivi d’un appel à l’accueil des réfugiés en France. La FEP était spécifiquement chargée de recueillir les propositions d’hébergement et de coordonner l’accueil des réfugiés.
Aujourd’hui, nous avons recueilli 350 offres d’hébergement et nous avons accueilli 150 personnes. 90 dossiers sont en cours d’instruction et les 80 000 euros collectés ont été répartis entre deux organisations partenaires : l’ONG MEDAIR et l’Action Chrétienne en Orient (ACO). Dans le Sud-Ouest, le réseau protestant accueille 4 familles de réfugiés dans 3 villes : Orthez, Bordeaux, et Agen.

Orthez
Une famille de réfugiés irakiens est arrivée à Orthez en septembre. La création d’un comité local a permis d’accueillir les réfugiés dans 2 logements mis à disposition par la mairie. « La mairie qui disposant de plusieurs logements libres destinés à des instituteurs a accepté de les mettre gratuitement à disposition des réfugiés ». Parallèlement, « des paroissiens protestants du comité ont effectué une pré-enquête pour recenser l’ensemble des propositions de bénévolat et des dons possibles. » Le maire avait interpellé une association caritative locale afin qu’elle porte ce projet. Ainsi, en septembre 2015, le comité s’est constitué sous la forme d’une association appelée « Accueil des réfugiés » et placée sous la présidence de Renée Lagelouze Touzaa, présidente du Comité Régional de la FEP. En juillet 2014, « le comité a appris l’arrivée de deux familles. Tous les moyens disponibles ont été mis en œuvre pour la faciliter. Il a entrepris le nettoyage et l’ameublement des appartements et des bénévoles ont donné des provisions pour leur arrivée. Un Irakien, habitant Orthez, s’est proposé pour servir d’interprète », poursuit Renée. « L’association a également choisi de donner une somme par semaine afin de permettre aux familles de gérer leur budget selon leurs besoins et ainsi faciliter leur prise d’autonomie. » La famille de deux adultes et autant d’enfants est arrivée le 9 septembre à Pau. Une seconde famille, pareillement constituée, arrivera le 3 octobre. Les démarches administratives ont été très rapides et plus faciles que prévu grâce à une assistante administrative de l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII) qui s’est proposée pour les accompagner. Après des rendez-vous aux préfectures départementale et régionale, le dossier auprès de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA) (1) a été renseigné et les démarches pour la demande de RSA et de CMU ont été effectuées avec l’aide d’une interprète. Les enfants, âgés de 4 et 6 ans, ont pu retrouver le chemin de la scolarité. En attendant leur rentrée à l’école, des bénévoles se sont chargés de leur faire visiter les lieux, de les emmener en promenade et au cinéma. « L’accueil de la famille réfugiée a été mené à bien grâce à la présence de la mairie et de toutes les parties prenantes. La mobilisation du collectif était indispensable au bon déroulement du projet », conclut Renée.
(1) La demande d’asile est examinée par l’OFPRA qui peut accorder ou non le statut de réfugié.

Bordeaux
Suite à l’appel lancé vers les Églises locales et les œuvres par la FPF en faveur de l’accueil des réfugiés d’Orient, relayé et mis en place par la FEP, l’EPUF de Bordeaux a souhaité s’inscrire dans ce projet à travers une information régulière auprès des paroissiens en espérant que des personnes puissent mettre à disposition un lieu pour accueillir une, deux, trois personnes… condition d’obtention d’un visa. En mai dernier, un membre du temple du Hâ, Marie-Françoise Lawton m’a joint pour me dire qu’elle était prête à proposer une maison et tout s’est alors enclenché, et l’appel a pris corps et forme ! De juin à juillet, toute une maison a été meublée grâce à l’élan de notre hôte et à la solidarité des paroissiens : de la lampe aux chaises, des couvertures aux pots de confitures « maison », des jeux pour les enfants aux cartables de classe… ce projet est devenu une jolie maison qui n’attendait plus qu’une famille. En lien permanent avec Adrien Sékali, responsable à la FEP de l’accueil des réfugiés, dont je salue la patience, le discernement, le courage bienveillant, nous avons de juillet à août mis en place l’arrivée de sept personnes d’origine irakienne, réfugiées en Jordanie (toutes de la même famille). Jusqu’au bout, jusqu’à la veille du départ, cette aventure marquée avec tristesse par le décès du grand-père (trois heures avant de prendre l’avion en Jordanie) fut l’expression d’une véritable fraternité entre l’Église, les œuvres (Bagatelle, la Maison Protestante de Retraite et l’aumônerie protestante de l’aéroport de Paris), Adrien et l’élan sans bornes de Marie-Françoise. Cinq personnes sont arrivées à Bordeaux, le 31 août. Avec nos pancartes de « Welcome to Bordeaux », l’émotion était grande. Le mercredi 2 septembre, un autre membre de la famille a pu rejoindre les siens. Six personnes enfin réunies et des visages d’enfants rayonnants ! Ma gratitude est immense pour ceux qui ont osé cette aventure qui ne fait que commencer et qui en appelle d’autres, « Dieu voulant » !
Pasteure Valérie Mali.

Agen
L’association Bienvenue créée ad hoc à Agen au printemps, regroupe catholiques (notamment membres du CCFD ou de la pastorale des migrants), réformés et évangéliques notamment membres de notre diaconie commune, Solidarité Chrétienne. Nous avons accueilli deux familles chrétiennes d’Irak, les Hadaya (jeune ménage avec trois petites filles), originaires de la plaine de Mossoul qui ont tout perdu à l’arrivée de Daech l’an passé et les Jabborree (un couple avec un de ses fils, 19 ans et le grand-père sur un fauteuil roulant) qui vivaient à Bagdad mais pas en sécurité même dans la capitale. Nous avons été mis en rapport avec ces familles (catholiques syriaques) par l’intermédiaire du CARRCO (l’équivalent catholique de la plateforme mise en place par la FEP). Des parents vivant déjà en France, sur Paris, les ont accompagnés en voiture ou en train à Agen. Localement, la mobilisation a été impressionnante :
– Beaucoup d’adhésions, de dons, en argent pour nous permettre de louer deux appartements (F3) au parc HLM de la ville d’Agen. En effet, les familles ne pourront pas prétendre tout de suite à certaines aides sociales, notamment les allocations logement ; même délai pour des recherches d’emploi.
– Tout le mobilier et l’équipement des appartements plus vaisselle, linge, etc. a été fourni par des dons, les familles n’arrivant qu’avec quelques valises d’effets personnels.

Organiser le long terme
Nous accompagnons les familles dans leurs démarches administratives : couverture sociale, reconnaissance du statut de réfugié, scolarisation des enfants, etc. ; deux interprètes syriennes (dont une réfugiée elle-aussi) nous sont d’un secours indispensable car les familles ne parlent pas le français, et à peine un peu d’anglais pour certains. Les familles veulent s’intégrer, se mettent à l’apprentissage du français. Même si un des pères aurait préféré, apparemment, partir en Allemagne où vit déjà un de ses frères. C’est le gros défi qui nous attend au niveau de la réflexion : quel avenir pour ces familles à Agen : doit-on considérer leur séjour comme une simple étape ? quels sont leurs souhaits ? bref quel projet à moyen et long terme donnons-nous à tout ce qui est entrepris ?
Un autre défi est de pérenniser nos moyens d’actions et d’élargir le groupe de bénévoles qui porte l’effort : une soirée a été organisée le 25 septembre pour remercier tous ceux qui ont donné de leur temps, de leurs biens (et surtout le Seigneur, qui nous a vraiment bénis et pourvoira encore), pour faire connaître notre action à la presse, inviter les membres de nos Églises sur le mode « engagez-vous, rengagez-vous, secouez-vous ».
Pasteur Christophe Desplanque.

Si vous souhaitez proposer une offre d’hébergement, n’hésitez pas à contacter la FEP au 01.48.74.50.11. Nous avons mis en place une boîte mail dédiée au traitement des demandes : refugies@fep.asso.fr