Quatre semaines de préparatifs, avec la couronne de l’Avent dans les églises, mais surtout dans les vitrines commerçantes et sur les étals des supermarchés, dès le mois de novembre, bredele, pains d’épices, ingrédients gastronomiques pour le réveillon s’exposent à nos yeux gourmands. Les jeux pour les enfants et les dernières avancées technologiques pour les plus grands s’insinuent déjà dans les imaginations en cadeaux merveilleux qui viendront se poser sous le sapin.

Noël promet de réaliser tout ce que le cœur désire car, chaque année, la magie opère. On tombe sous le charme des incantations musicales et de l’imagerie scintillante dans les rues, sur les écrans et les ondes. On râle un peu contre la surenchère mais, à vrai dire, on est bien heureux de retrouver la fête de l’enfance insouciante. Tout est fait pour qu’on y croie. C’est le charme ravageur de Noël. Son succès que rien ne dément d’année en année.

Noël réalise ce que le cœur désire… Depuis les temps immémoriaux, l’humanité attend Noël. Elle attend de voir s’accomplir un monde enfin apaisé et réconcilié, un monde dans lequel il n’y aurait nul besoin de s’inquiéter pour le lendemain et où l’on pourrait festoyer en bonne entente avec les voisins, proches et lointains ; un monde dans lequel chacun serait réconcilié avec soi-même. Un monde en paix.

Quel serait le bon père Noël qui pourrait tirer ce monde merveilleux de sa hotte ? On regrette un peu de ne plus y croire, à ce monde meilleur, alors on s’accorde, le temps d’une nuit, l’illusion d’un rêve éveillé ; jouant pour un soir à faire plaisir aux enfants, bien sûr, alors que l’on soupire désolé que cela soit pour de faux dans le monde tel qu’il va. Pourtant Noël réalise ce que le cœur désire… Car quelque part un babil, à peine perceptible tant il est ancien et recouvert par le bruit des siècles, fait entendre la voix d’un Enfant qui promet et réalise ce monde tant désiré. Pour qui sait être attentif à la véritable poésie de Noël, la voix de l’Enfant-Dieu résonne encore dans les chants et son regard brille dans les illuminations que les hommes suspendent naïvement à leurs maisons. Dans les faux-semblants du folklore s’est préservé le véritable miracle de Noël. A son insu, c’est là certainement que réside la force secrète de sa magie, dans la naissance d’un Enfant-Dieu qui se donne aux hommes. On ne le chante plus que du bout des lèvres, pourtant il est bien né le Divin Enfant.

Il y a longtemps déjà, Dieu venait accomplir ce que l’homme attendait avec impatience, parfois au bord du désespoir : de pouvoir vivre en confiance en ce monde, réconcilié avec soi même et les autres. Dieu s’offrait alors lui-même pour vivre au milieu des hommes et dans leur for intérieur. Il en est aujourd’hui qui ne veulent plus y croire, persuadés qu’ils n’ont pas besoin de réconciliation. Tel le pharisien de la parabole que raconte Jésus, un juste autoproclamé qui n’a besoin de personne (Luc 18,9-14). Le publicain par-contre, ce collecteur d’impôts et collabo détesté de tous, mais plein de bonne volonté, se reconnaît redevable d’un Dieu qui saura le tirer des voies sans issues dans lesquelles sa vie s’est fourvoyée.

Dieu réalise ce que le cœur désire… Dans la flamme des bougies, dans les cadeaux offerts, dans le repas de fête en famille, dans le rêve éveillé de Noël, chaque fois qu’un humain perçoit encore le regard ou la voix de l’Enfant-Dieu qui vient naître dans la vie des hommes, Noël opère son miracle, une fête dans les cieux pour les anges et la paix sur la terre pour les hommes de bonne volonté.