Durant la formation des envoyés, elle anime une série de conférences. Face à nos questions, elle livre aujourd’hui sa vision de l’altérité et du vivre ensemble.

Comment peut-on définir l’interculturalité ?

Je ne pourrais pas donner de définition précise car en réalité il n’en existe pas. L’interculturalité c’est l’alchimie précieuse de la rencontre de l’autre dans toutes ses différences. Qu’est-ce qui dans celui que je vais rencontrer m’interroge, me ravit, me questionne, me dérange ou me trouble ? Et au-delà de ce que je ressens, quelles sont les logiques qui sont en œuvre de son côté et du mien ? Pourquoi je pense cela à ce moment-là ? Qu’est-ce qui se passe dans ce rapport à l’autre qui m’est inconnu et qui suscite toutes ces palettes d’émotions ? Voilà sur quoi nous pouvons nous interroger lorsque l’on parle d’interculturalité.

En quoi ce thème est-il essentiel durant la formation des envoyés du Défap ? 

Il est nécessaire de faire réfléchir à la richesse et à la complexité de la rencontre avec l’autre. Ces personnes vont partir à la rencontre d’autres cultures et d’autres populations. Lorsqu’un envoyé séjourne dans un autre pays, il tente de trouver une place dans un univers culturel qui n’est pas le sien. Comment alors comprendre les réalités qui nous entourent et comment être en dynamique d’échange ? Chaque individu a déjà sa propre identité, une culture et une origine géographique. Et il doit composer avec celui qu’il rencontre. Mais comment faire pour rencontrer celui qui est différent de nous ? L’interculturalité c’est justement ça : l’interaction de toutes ces cultures. La découverte de l’autre est toujours d’une grande richesse mais naturellement l’être humain a des réticences pour s’intéresser à l’autre. […]