Par Adrien Chaboche, secrétaire général des éclaireuses et éclaireurs unionistes de France (EEUdF)

En tant que mouvement d’éducation populaire, le scoutisme est incontestablement un lieu de transmission. Transmission de savoir-faire, de savoir-être, de valeurs et, nous l’espérons, de la foi. Mais l’intuition géniale de son fondateur, c’est d’avoir tout misé sur une méthode non-formelle de transmission.

Education « non-formelle » car en dehors du système scolaire, mais pas éducation « informelle » car la méthode scoute est très structurée. Il est d’ailleurs toujours assez frappant de présenter cette méthode à de jeunes animateurs qui ont vécu les activités scoutes quand ils étaient enfants. Ils viennent en ayant l’impression de n’avoir fait toutes ces années que jouer et camper, et ils voient s’emboîter sous leurs yeux les pièces d’un puzzle éducatif qui forme en fait un véritable système…

Dans certains pays, anglo-saxon notamment, la transmission dans le scoutisme se focalise sur les savoir-faire, mais ailleurs et tout particulièrement en France, c’est la transmission des savoir-être et des valeurs qui est au cœur du projet scout. Doucement et insensiblement, mais profondément et durablement, les jeunes qui vivent le projet scout apprennent à vivre en communauté, à se mettre au service des autres, à prendre des responsabilités et, petit à petit, à devenir des adultes responsables, autonomes et solidaires.

Si cette transmission est particulièrement durable, c’est qu’elle est toujours volontaire. Contrairement aux idées reçues, le scoutisme n’est pas un lieu de contrainte. Si vous faites la vaisselle de votre unité, ce n’est pas tant parce que vous y êtes obligé que parce que vous savez que, dans le même temps, d’autres ramassent du bois ou portent les poubelles, et que sans cela le camp ne pourrait pas fonctionner… Si vous devez respecter la Loi des éclaireurs, c’est parce que vous avez librement décidé d’y adhérer par l’acte solennel de la Promesse. Si vous apprenez à un « petit nouveau » comment faire un bon mi-bois (technique de construction en bois sans ficelle), c’est parce que vous avez sacrément envie de battre l’équipe des Eléphants cette année au concours d’installation !

La question de l’éducation à la spiritualité est également très présente dans le scoutisme. Pour les mouvements de scoutisme protestant, elle prend essentiellement trois formes qui sont plus ou moins présentes selon les spécificités de chaque association :

  • la découverte et la lecture de la Bible lors de temps animés (parfois des jeux) où les jeunes sont invités à s’exprimer librement ;
  • la participation volontaire à des activités liturgiques ou à des moments de louange ;
  • l’exemple des responsables croyants qui sont invités à partager leurs convictions.

Cette méthode est résumée dans la Déclaration du scoutisme protestant signée récemment par six organisations, dont les EEUdF : « toutes nos activités, ainsi que le témoignage de nos membres, sont des occasions de rencontres spirituelles ouvertes. Que la prière et la louange y soient associées ou non, elles laissent la place à chacun de vivre son propre cheminement spirituel. Nous portons en nos cœurs l’espérance pour chacun d’une rencontre avec Jésus-Christ. »

Ce passage comporte deux mots essentiels qui définissent notre projet en matière de transmission spirituelle : « liberté » des personnes et simple « espérance » de la rencontre avec Jésus-Christ. Fidèles à la pensée protestante, nous affirmons que la foi ne se transmet pas, elle est offerte par Dieu et nécessite un accord individuel, une rencontre intime : « nous reconnaissons comme centrale l’annonce du salut par la grâce reçu par la foi seule, chacun étant libre d’y répondre. »