« Tu as choisi judicieusement » dit le chevalier à Indiana Jones dans le film de Steven Spielberg « Indiana Jones et la dernière croisade ». Et de fait, Indiana Jones choisit une coupe de charpentier et non une en or sertie de pierres précieuses. Objet fictif, cette coupe, le Graal, est bien plus que le centre d’une intrigue de cinéma. Elle est un objet mythique de la littérature ancienne et médiévale.

Le récit le plus connu sur le Graal est celui du poète Robert de Boron dans son Estoire dou Graal, écrit entre 1190 et 1199. Il l’associe au Saint Calice, relique de la coupe de la cène. L’auteur s’appuie sur l’évangile apocryphe de Nicodème, daté du IVe siècle, qui raconte justement que le Graal est le récipient utilisé par Jésus lors de son dernier repas avec ses disciples. Ce même évangile précise que le Graal est utilisé le lendemain, le Vendredi de la Passion, par Joseph d’Arimathie pour recueillir le sang coulant des plaies du Christ à sa descente de la croix. Raison pour laquelle certaines légendes soutiennent que quiconque boirait dans cette coupe atteindrait l’immortalité.

La légende arthurienne qui fait le récit de la quête du Saint Graal, est un ensemble de textes rassemblés au cours des siècles et écrits par plusieurs auteurs depuis les premiers moines collecteurs jusqu’aux écrivains qui ont enrichi la légende, comme le poète Chrétien de Troyes (1130-1190) dans son livre Perceval ou le Conte du Graal.

Quant aux romans de la Table ronde rédigés en plusieurs langues, ils sont d’une tradition celtique ancienne. Ils évoquent le ténébreux Merlin disant au roi Uther, père d’Arthur : « Tu établiras une table que tu nommeras la Table Ronde parce que chacun de ceux que tu jugeras dignes d’y prendre place sera en égalité avec tous ses compagnons. »

Un idéal légendaire

Arthur (vers 470-537), cet inconnu à la naissance obscure, réussit par hasard à retirer l’épée Excalibur de son rocher, en ignorant que la conséquence de son geste le fait roi.

À côté de ce personnage de roi légendaire, il faut aussi relever, dans la littérature galloise en particulier, d’autres personnages énigmatiques comme Lancelot du Lac, Guenièvre, Merlin l’Enchanteur et la fée Morgane. Après de nombreuses péripéties dues au maléfique Merlin, le roi Arthur voit sa fin lors de la bataille de Camlann (537) où tombent aussi beaucoup de chevaliers de la Table ronde. Le corps d’Arthur est emmené par la fée Morgane, sa demi-sœur magicienne, à Avalon, une île légendaire où, d’ailleurs, le roi serait encore en dormance… Arthur mort, les chevaliers de la Table ronde survivants décident malgré tout de poursuivre leur recherche du Graal devenue l’incarnation de la quête d’un idéal. Les aventures des compagnons de la Table Ronde continuent, jusqu’au jour où le chevalier Perceval dit à ses compagnons : « si nous restons ensemble, nous n’aboutirons à rien, il vaudrait mieux se séparer. » Alors que les chevaliers de la Table ronde se dispersent, la légende prend fin. Dans les différents récits de cette quête du Graal, le chevalier chrétien est présenté comme celui qui cherche son Salut et qui, pour le trouver, doit avoir le cœur pur et donc imiter le Christ. Cette quête devient ainsi une parabole sur le don de soi et sur la recherche de la justice et de la vérité. Aujourd’hui, dans le langage courant, la quête du Graal désigne le fait de se fixer un objectif, un idéal personnel et intérieur. Ainsi, plutôt qu’un objet légendaire qui serait caché au regard de tous et donnerait l’immortalité, le Graal serait donc bien à chercher en nous-même.