Quel lieu pourrait être mieux indiqué que l’hôtel de Cluny pour abriter le musée national du Moyen Âge ? Construit au XVe siècle au cœur du Quartier latin à Paris, il s’adosse aux vestiges des thermes de Lutèce, notamment une de ses parties, le frigidarium. Cet âge dit « moyen », qui commence à la fin de l’Empire romain et se termine à la Renaissance, a trouvé dès le XIXe siècle un bâtiment où abriter un musée digne de ce nom et qui lui est consacré. Mais aujourd’hui, il était temps de moderniser les lieux.

Bâtiments aménagés

C’est à la fin du Ier siècle qu’a été lancée la construction des thermes du nord de Lutèce. À la fin du XVe siècle, ce même terrain a été choisi par l’abbé du puissant ordre de Cluny (un des plus riches de l’époque) pour construire le somptueux hôtel qui est aujourd’hui un des plus anciens de Paris. Agrandi au XIXe siècle lorsqu’il devient musée, l’hôtel de Cluny est désormais doté d’un nouveau bâtiment accolé qui marque l’entrée pour le public.

Le parcours a été repensé de façon chronologique, et c’est naturellement par le frigidarium restauré que débute la visite et la découverte de la Lutèce gallo-romaine. Vingt et une salles se succèdent ensuite, chacune avec ses œuvres phares. L’ancien musée comptait vingt-sept ruptures de niveaux, le rendant totalement inaccessible aux personnes en fauteuil : les travaux ont permis de rendre le parcours fluide pour tous. La signalétique a été revue pour répondre à une exigence de concision, de rigueur et de compréhension par le grand public.

Mise en valeur des œuvres

Imprégné par une culture religieuse omniprésente et une structure sociale complexe, le Moyen Âge peut être difficile à comprendre pour nos sociétés modernes. C’est pourquoi des objets de la vie quotidienne (utilisés pour la toilette, les soins, l’entraînement au combat ou encore des jouets), rassemblés dans quelques salles, rendent plus proches ces hommes dont tant de générations nous séparent.

Certaines périodes sont plus riches que d’autres, mais toutes ont leur place, évidemment plus grande pour les XIVe et XVe siècles que pour les Mérovingiens et Carolingiens. Certaines salles sont consacrées à des zones géographiques particulières, comme l’Europe du Nord ou l’Italie des XIIIe et XIVe siècles. À l’intérieur de l’hôtel, la restauration de la chapelle permet d’admirer un superbe exemple de gothique flamboyant, avec un plafond peint révélant le bleu lumineux qui s’était estompé sous la crasse accumulée par les siècles. Autrefois disséminés, différents éléments provenant de la Sainte-Chapelle sont réunis dans une même salle, dont des vitraux qu’il est rare de pouvoir examiner d’aussi près. Incontournable, la célèbre et exceptionnelle série de tapisseries de la Dame à la licorne est bien mise en valeur et a gardé une partie de son mystère : les cinq premières illustrent les cinq sens (la Vue, l’Ouïe, l’Odorat, le Toucher, le Goût), la dernière (« Â mon seul désir ») reste énigmatique. D’autres œuvres ont révélé leurs secrets : les historiens ont découvert qu’une statue-colonne du XIIe siècle jusque-là d’origine inconnue représente le prophète Isaïe et provient du portail de Saint-Jacques-la-Boucherie…

La refonte du musée permet de mieux saisir l’extraordinaire diversité des productions artistiques médiévales et de comprendre davantage cette longue période de notre histoire. Une bonne raison pour s’y rendre.