L’été s’installe dans les consciences, marquant peu à peu la fin du syndrome de la cabane, cet étrange désir de ne pas sortir de chez soi et de ses certitudes après une période d’enfermement.

Laissez-passer pour les vacances

La liberté pourtant prend forme par annonces successives jusqu’au déconfinement total. Elle est à portée de valise. Ceux qui piaffaient mettront à profit chaque centimètre de liberté gagnée, pour porter leurs pieds aux limites de ce qui est autorisé. Pour les autres, la France fera l’affaire. Il y a tant de recoins inconnus à découvrir, tant de rencontres à faire et de découvertes à méditer. Le bon peuple oublie la crise et se prend à rêver, muni de ce laissez-passer des paroles de déconfinement.

Vers un autre sens

Ce processus du retour aux vacances met à nu un fonctionnement de l’intime : vivre enfermé, s’autoriser à rêver, laisser passer du possible, découvrir le monde autrement. Un lecteur de la Bible fera le même constat, découvrant par étapes que sa vie peut prendre un autre sens, en s’autorisant à penser différemment de ce que son éducation ou ses habitudes lui ont appris, en laissant passer une parole qui l’irrigue. Ce terme de laissez-passer est pour moi central car il a besoin de l’Autre pour se vivre : d’un passeur, d’un révélateur. C’est la définition même du ministère, qu’il soit pastoral, diaconal, de catéchèse ou autre.

Laisser passer la Parole

Au moment où les paroisses et Églises locales se penchent sur cette notion de ministère qui guidera les débats dans les années à venir, ce laissez-passer est essentiel pour s’autoriser à penser d’autres besoins, d’autres formes de ministères. Le syndrome de la cabane ecclésiale serait de se cantonner aux besoins que l’on connaît, aux ministères que l’on peut déjà pressentir. Laisser passer la Parole, c’est donner de nouveaux ministères à nos rêves.

Certains diront que la crise nécessite avant tout de privilégier les ministères classiques. Peut-être peut-on penser autrement ? Il y a là matière à un devoir de vacances, en somme. Au diable la crise !