En créant l’état d’urgence sanitaire, l’exécutif a cherché d’une part à susciter l’adhésion et la mobilisation de la nation et, d’autre part, à permettre l’octroi de pouvoirs extraordinaires aux autorités administratives, pour une durée toujours limitée dans le temps - une crise ne pouvant pas revêtir un caractère chronique.

La crise accentue les injustices

Dans les démocraties en bonne santé, le législateur permet aux autorités de prendre des mesures exceptionnelles, mais il veille en même temps à encadrer juridiquement leur exercice, préconisant d’y mettre fin sans délai lorsqu’elles ne sont plus nécessaires. Mais ne faisons pas d’angélisme: la tentation peut exister de faire usage de certains pouvoirs d’exception, dans des circonstances qui n’ont pas de lien avec la déclaration initiale de l’état d’urgence.  Dans les démocraties fragiles, les contours éthiques sont plus flous, et les limites de l’acceptable souvent franchies. Dans son dernier rapport annuel, rendu public le 7 avril 2021, Amnesty International révèle que l’instauration de mesures d’exception a été […]