Les sages-femmes vont bénéficier d’un net coup de pouce salarial : 500 euros par mois en plus. La signature d’un protocole d’accord est intervenue après “un long travail de concertation”, indique Le Monde le 23 novembre. Dans un communiqué, les ministres de la santé et de la fonction publique, Olivier Véran et Amélie de Montchalin, ainsi que le secrétaire d’État chargé de l’enfance et des familles, Adrien Taquet, se sont félicités des “avancées importantes” du document. Celui-ci a été paraphé par Force ouvrière (FO), la Confédération française démocratique du travail (CFDT) et l’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA), côté employés, et la Fédération hospitalière de France (FHF), côté employeurs, précise le quotidien.

Le protocole prévoit une “prime d’exercice médical” de 240 euros net par mois dès février prochain. Puis les sages-femmes des hôpitaux publics bénéficieront d’une augmentation salariale de 78 euros net en moyenne à partir du mois suivant, en mars 2022. Des mesures qui s’ajoutent aux 183 euros décidés au cours du Ségur de la santé qui sont versés chaque mois depuis fin 2020, soit une “revalorisation nette de 500 euros par mois”, se targue l’exécutif.

“100 millions d’euros en 2022”

Du côté des sages-femmes des collectivités territoriales, une augmentation de 78 euros net à partir du mois de mars est aussi prévue. Concernant le secteur privé, Le Monde indique que la Sécurité sociale financera des revalorisations à hauteur du public, notant qu’un accord avec l’Assurance-maladie est visé “avant la fin de l’année” pour celles qui exercent en libéral.

Le gouvernement a ainsi annoncé “un engagement de 100 millions d’euros en 2022” ainsi qu’un allongement des études des futures sages-femmes, de cinq à six ans. Et ce, dès la promotion 2022. Mais Le Monde pointe des étudiants et étudiantes épuisés par leurs cours et leurs conditions de travail. “Je suis attristée, et choquée par le nombre d’amies sous antidépresseurs, par le taux d’étudiantes qui vont voir des psychologues. Moi-même, j’ai terminé en burn-out”, décrit au Monde une ancienne major de promo des sages-fermes d’Angers, aujourd’hui reconvertie dans la petite enfance. Pendant ses 12 heures de garde, elle se souvient qu’elle ne pouvait aller ni aux toilettes, ni manger.

“Week-end noir”

“Les jeunes passent une sélection drastique pour accéder à l’école, endurent des années difficiles sur le plan théorique comme clinique, tous ces sacrifices pour se retrouver à multiplier les CDD à la sortie de l’école, avec un salaire de 1 700 euros net par mois à bac + 5”, abonde au quotidien Chantal Seguin, directrice de l’école de sages-femmes de Grenoble. D’après une enquête de l’Association nationale des étudiants sages-femmes (Anesf), citée par Le Monde, “sept étudiants en maïeutique sur dix présentent des symptômes dépressifs, et huit sur dix souffrent d’un stress accru depuis leur entrée dans la formation.”

Dans tous les cas, le nouveau protocole ne satisfait pas tous les syndicats de la profession, mobilisée depuis deux mois et qui a manifesté début octobre. À l’appel de l’Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSSF) et avec l’appui de la Confédération générale du travail (CGT), un nouveau “week-end noir” est prévu du 26 au 29 novembre. “On ne dit pas que c’est suffisant, mais c’est un accord d’étape qui reste positif”, explique Gilles Gadier (FO-Santé). “On va signer parce qu’il y a quand même des avancées, même si on reste sur notre faim”, affirme quant à lui Jean-Claude Stutz (UNSA-Santé et sociaux). Que le gouvernement ne pense pas qu’il se soit débarrassé du problème, prévient-il.