Le dépliant que j’ai sous les yeux m’offre des photos de paysages avec cocotiers et couchers de soleil à Majunga, de marchés colorés d’Antananarivo, de baobabs de Morondava et de lémuriens du massif de l’Isalo, de visages d’enfants souriants… Les agences de voyages ne montrent ni la misère, ni la pollution, ni la dégradation de l’environnement…
Nous sommes à Madagascar. C’est mon troisième séjour dans cette belle île rouge. Depuis la crise de 2009, le nouveau gouvernement semble dépassé par l’ampleur du travail : routes à entretenir, service de ramassage d’ordures à organiser, environnement à sauver, écoles à construire, lutte contre la corruption ; elle sévit partout, tant dans les hautes sphères politiques que dans la police, l’armée, et la population en raison de l’impunité générale qui règne. Les personnes rencontrées, engagées socialement et spirituellement, craignent pour l’avenir de leur pays, mais elles continuent de se battre.
Une aide aux enfants
C’est le cas de l’association « Zazakely07 » pour laquelle je suis partie. Cette association soutient 200 enfants. Cela se traduit par un petit déjeuner et un repas à midi, du lundi au vendredi, le paiement des frais de scolarité et les soins de santé. Odile et Dédé Rabenifara, touchés par la misère des enfants de la rue, ont ouvert les portes de leur maison depuis plus de 10 ans. Une pièce au rez-de-chaussée sert de réfectoire, et les enfants viennent manger à tour de rôle, faute de place, entre 11h30 et 13h30. Ils habitent tous un quartier très pauvre d’Antanarivo, Ankazomanga.
La plupart des maisons sont en tôle, voire en carton et sans eau courante. Une petite équipe sur place travaille à sortir les familles de la misère pour qu’elles retrouvent leur dignité. L’enfant est admis sous condition de scolarisation.
J’ai visité des familles et constaté une grande différence entre les familles accompagnées par le centre depuis quelques années et les nouvelles. Leur mentalité a évolué. Elles ont aujourd’hui pris conscience de leur responsabilité, car elles ont, grâce au centre, la tête un peu hors de l’eau. Les jeunes accompagnés par le centre depuis longtemps en sont de bons témoins ; ils encouragent les plus jeunes à aller à l’école en leur montrant l’importance de l’étude pour trouver du travail.
La société civile
Les responsables rêvent d’un vrai centre, mais l’administration malgache, suite à la crise, avait bloqué la demande de construction sur un terrain. Une nouvelle demande est en cours. Beaucoup d’associations sebattent, comme celle que j’ai visitée. Médiatiquement, nous connaissons l’association Akamansoa du père Pédro Opeka. Tout comme Zazakely, il insiste sur une discipline de vie, à commencer par la propreté, synonyme de dignité et de respect. En dehors de l’action de l’État, le salut de Madagascar viendra de la société civile, des différentes associations et des personnes engagées dans la justice et le social, et nous ne pouvons qu’encourager ceux qui, sur place, se battent pour un avenir meilleur pour leur pays et qui pensent que l’éducation en est une clé.
Site de l’association : www.zazakely07.org