
Au jardin de la résurrection : la tentation de Marie
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Publié le 20 avril 2012
Auteur : Dominique Hernandez
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L’événement fondateur du christianisme tient dans le mot « résurrection ». Dire que la puissance de Dieu surpasse celle de la mort, dire que celui qui a été crucifié n’a pas été englouti dans la mort, dire qu’il est vivant et que, par cette vie surgie de la mort, est renouvelé le sens de l’existence des croyants, cette confession est mise en récit à travers une expérience humaine.
L’évangile de Jean met en scène une de ces expériences avec la figure de Marie de Magdala : une femme dans un jardin, qui cherche le corps d’un mort, et qui rencontre un vivant. Quelques mots et quelques images suffisent à évoquer l’Eden : un premier jour, un jardin, un homme-jardinier (car telle était la mission de l’humain en Eden), une femme nommée par l’homme, la nécessité de quitter le jardin. Qu’en est-il alors du serpent et de la tentation qui pousse l’homme et la femme à manger le fruit de l’arbre défendu ?
Marie de Magdala est arrivée dans le jardin éperdue de chagrin, perdue dans la fascination de la mort. Elle veut mettre la main sur le corps de Jésus, le trouver, le prendre, le garder. Celui qu’elle croit être un jardinier et qui est le Ressuscité l’arrache à la sidération de la mort et la rappelle au présent en l’appelant par son nom. Mais Marie croit encore que celui qui se tient auprès d’elle est le même que celui qu’elle connaissait et qui a été crucifié. Son élan vers lui se tient en un mot : rabbouni, ce qui signifie Maître. Quelques mots de Jésus coupent alors cet élan : ne me touche pas ou ne me retiens pas. Par ce verbe est interrompu le désir de Marie de retenir celui qui est là afin qu’il ne disparaisse plus, son désir de le retenir pour retrouver le passé avec Jésus. Or le corps du Ressuscité n’est pas à toucher, bien qu’il soit touchable, comme le feront comprendre les récits de la rencontre avec Thomas et du repas sur la plage. Ce corps n’est pas à toucher par Marie car son désir de toucher signifie une mainmise sur ce qui ne peut être possédé. […]