
Jésus-Christ est-il mort pour nous ?
Un contenu proposé par Évangile et liberté
Publié le 10 avril 2011
Auteur : André Gounelle
Lire directement l’article sur Évangile et liberté
Dans le Nouveau Testament, on trouve entre quinze et vingt fois, l’affirmation que Jésus nous a rachetés de la malédiction par son sang, qu’il a donné sa vie en rançon pour nos péchés. Que veut dire « racheter » ? À qui cette « rançon » a-t-elle été payée ?
La thèse des « droits du démon »
Une réponse, très ancienne, déclare : au diable. Par ses péchés, l’humanité se serait donnée à Satan. Pour la libérer et quelle appartienne à nouveau à Dieu, il faudrait verser un dédommagement au démon.
Cette thèse se heurte à d’énormes objections. Elle suppose que Satan est le légitime propriétaire de l’humanité et qu’il a de justes droits dont Dieu devrait tenir compte. Elle implique une curieuse négociation entre Dieu et le démon dont les rapports seraient régis par la législation commerciale. On peut, enfin, s’interroger sur l’honnêteté de la transaction, puisque Jésus ressuscite et que le démon se voit ainsi floué.
La thèse de l’expiation substitutive
Au XIe siècle, Anselme de Cantorbéry propose une autre réponse qui s’inspire du droit féodal. Elle considère l’être humain comme un vassal qui doit à Dieu, son suzerain, soumission et respect. Or, l’être humain se conduit en mauvais vassal. Il inflige un double tort à Dieu. D’abord, il le vole en ne lui rendant pas le service qu’il lui doit. Ensuite, il l’offense en faisant de lui un seigneur incapable de se faire obéir. Dieu ne peut pas tolérer cette situation. Pour maintenir son « honneur », il doit ou punir les humains ou recevoir d’eux une indemnité qui compenserait le tort subi.
Les humains doivent normalement à Dieu toutes leurs bonnes œuvres. Elles ne peuvent constituer un supplément qui compenserait leurs carences. De plus, la majesté infinie de Dieu rend infinie toute offense à son égard. Les humains, êtres finis, n’ont pas les moyens d’offrir quelque chose qui puisse réparer le dommage et l’injure. La justice, que Dieu ne peut pas transgresser sans se renier lui-même, exige donc la condamnation de l’humanité. […]