Une date importante de l’histoire biblique est la chute de Jérusalem et la destruction du temple en 586 avant Jésus-Christ par le roi Nabuchodonosor qui a emmené une partie des habitants de la ville à Babylone. Les prophètes Ézéchiel et Jérémie ont essayé de donner un sens à l’événement. Emmené avec un premier groupe d’exilés, le premier a partagé la vision d’un Dieu qui quitte le temple de Jérusalem pour rejoindre le peuple des déportés[1]. Le second a marché en portant un joug pour annoncer la chute de la ville[2]. Il voulait signifier que la destruction de Jérusalem était la marque du jugement de Dieu en réponse à l’idolâtrie et aux injustices de son peuple.

La chute et Jérusalem et la destruction du temple marquent la fin d’une économie religieuse organisée autour de la terre et du rite. Pour trouver Dieu, il fallait faire un sacrifice. Pour cela, les Judéens achetaient un animal sans défaut qu’ils apportaient au temple pour le remettre à un prêtre qui l’offrait sur l’autel des sacrifices.

C’est cette compréhension qui s’est effondrée avec l’exil. Si l’exil est une épreuve, c’est aussi un temps de reconstruction. Comme ils n’avaient plus de temple pour offrir des sacrifices, les Judéens se sont organisés autour de la mémoire. C’est pendant la période de l’exil que plusieurs livres bibliques ont été mis par écrit. Comme les prêtres étaient devenus inutiles, car il n’y avait plus de sacrifices, ils ont été progressivement remplacés par les scribes. C’est de cette époque qu’émerge l’institution synagogale. Il ne s’agit pas encore de bâtiments dédiés, mais de lieux où les Judéens se retrouvent pour écouter la parole et réciter les prières.

L’exil est devenu une catégorie spirituelle, il évoque une épreuve marquée par la perte de ses habitudes, mais qui peut déboucher sur une nouvelle fécondité. C’est chez les prophètes de l’exil que l’on trouve les passages qui sont les plus proches du message des évangiles[3]. Jésus a répété à plusieurs reprises que Dieu préférait la miséricorde aux sacrifices.

La lettre de Jérémie

Un beau passage du livre de Jérémie est la lettre qu’il a envoyée aux exilés qui étaient à Babylone. Il leur conseille de bâtir des maisons, de planter des arbres, de marier leurs enfants et de prier pour la ville où ils sont exilés, car Dieu leur promet un avenir et une espérance[4].

Cette lettre est fondamentale, car elle induit une déterritorialisation de la religion et  une vie possible en dehors de la terre d’Israël. En diaspora, Babylone a vu se développer une communauté juive prospère et rayonnante.

[1] Ez 11.18-22.

[2] Jr 27.1-2.

[3] Es 42.1-4, 53.1-12, Jr 31.31-33, Ez 37.1-14.

[4] Jr 29.5-7,11.