Les quatre évangiles sont d’accord pour faire commencer le ministère public de Jésus par la prédication du Baptiste : Une voix crie : dans le désert préparez le chemin du Seigneur. La voix ne crie pas dans le désert puisqu’avec un peu d’emphase l’évangile de Marc déclare que : « Toute la Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui et recevaient de lui le baptême, dans le Jourdain[1]. » La voix crie que c’est dans le désert que les humains doivent se préparer à accueillir le Seigneur.

Dans la Bible, le désert n’est pas qu’un espace géographique, c’est aussi un lieu métaphorique, un lieu d’appauvrissement. Au désert, il n’y a pas d’automobile pour abolir les distances, pas de télévision pour passer le temps, pas d’ordinateur pour s’abîmer dans le travail, pas de football pour se distraire, pas de café pour se retrouver entre amis. Les rapports sociaux et culturels n’existent plus, l’humain est nu, dépouillé, conduit à la solitude. Le désert est le lieu du face à face avec soi-même et avec la Parole.

Dans la foule de ceux qui vont être baptisés, un homme attend son tour. Il vient d’un village de Galilée appelé Nazareth. Il fait la queue comme les autres, et se présente devant le Baptiste. Quand ce dernier le reconnaît, il résiste : « C’est moi qui ai besoin de recevoir de toi le baptême, et c’est toi qui viens à moi ! » Mais Jésus lui répondit : « Laisse faire maintenant, car il convient qu’ainsi nous accomplissions toute justice[2]. »

En se faisant baptiser par Jean, Jésus s’inscrit dans l’histoire de l’alliance entre Dieu et les humains. Il partage notre humanité jusque dans la repentance et l’engagement à vivre selon la volonté de Dieu. C’est au moment où il est le plus homme que Jésus reçoit une parole de qui fonde sa vocation : « Celui-ci est mon Fils bien aimé, c’est en lui que j’ai pris plaisir[3]. »

Un signe complète cette manifestation, une colombe, symbole de l’Esprit, descend du ciel jusqu’à lui. La présence de l’Esprit sera la marque de sa vocation.

Attesté par l’histoire

Les exégètes ont travaillé sur la distinction entre le Christ de la foi et celui de l’histoire. Qu’est-ce qui, dans les évangiles, peut être considéré comme une donnée de l‘histoire et qu’est-ce qui relève de la foi ?

Le baptême de Jésus est considéré comme une donnée historique pour la bonne raison qu’il a gêné la première Église. Les disciples de Jésus ont parfois été en compétition avec les disciples de Jean et il a dû être difficile aux premiers chrétiens de reconnaitre que leur maître a été baptisé par le Baptiste.

[1] Mc 1.5.

[2] Mt 3.14-15.

[3] Mt 3.17.