L‘évangile de Matthieu a rassemblé l’enseignement de Jésus en matière de vie chrétienne dans un texte intitulé le sermon sur la montagne qui peut se résumer en cinq parties.

L’introduction est le texte des Béatitudes qui propose un chemin de spiritualité[1] : « Heureux ceux qui ont un cœur de pauvre… Heureux les doux… Heureux ceux qui ont faim et soif de justice… Heureux les artisans de paix ! » Une promesse est associée à chaque béatitude : « le royaume des cieux est à eux, ils recevront la terre en partage, ils seront appelés fils de Dieu. »

Une relecture de la loi qui va dans le sens d’une radicalité[2] : « Vous avez entendu qu’il a été dit : “Tu ne commettras pas de meurtre“, mais moi je vous dis : “Ne te mets pas en colère“… Vous avez entendu qu’il a été dit : “Tu aimeras ton prochain“… mais moi je vous dis : “Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent“. »

Puis il passe en revue les trois piliers de la vie spirituelle que sont l’aumône, la prière et le jeûne avec le même message : quand vous partagez votre argent, ne le dites pas ; quand vous priez, faites-le discrètement ; et quand vous jeûnez, maquillez-vous pour ne pas le montrer[3].

Ensuite, Jésus propose quelques recommandations pour la vie quotidienne : Ne vous enrichissez pas trop, mais soyez riches pour Dieu. Ne vous inquiétez pas, car les inquiétudes ne servent à rien. Ne jugez pas votre prochain, car l’humain est beaucoup plus fort pour voir la paille dans l’œil de son voisin que pour voir la poutre dans le sien[4].

Le sermon se termine par un appel à mettre en pratique son enseignement et par cette recommandation universelle : « Faites pour les autres tout ce que vous voulez qu’ils fassent pour vous. » Tu veux être aimé, aime ! Tu veux être écouté, écoute ! Tu veux ne pas être jugé, ne juge pas ! Ce verset rappelle cette vérité fondatrice que toute bonne théologie doit d’abord être une théologie bonne, c’est-à-dire une théologie bienveillante (qui veille au bien) et vivifiante (qui fait grandir la vie)[5].

La radicalité du sermon

Du fait de sa radicalité, le sermon est souvent édulcoré. Il a pourtant inspiré de grands témoins de l’Évangile comme François d’Assise, Dietrich Bonhoeffer ou Martin-Luther King : « C’est l’autorité reconnue au Sermon sur la montagne et sa mise en pratique qui détermineront si, dans les sociétés occidentales, le christianisme deviendra une religion bourgeoise qui n’exige plus rien et qui ne console personne, ou s’il constituera une communauté qui confesse le Christ et qui le suit, lui seul et totalement. » (Jürgen Moltmann)

[1] Mt 5.2-12.

[2] Mt 5.17-48.

[3] Mt 6.1-16.

[4] Mt 6.17-7.11.

[5] Mt 7.12-27.