Attribuée au premier des apôtres, la première épître de Pierre est marquée par le double sceau de la dispersion et de la persécution.

Elle s’adresse à ceux qui vivent en étrangers dans la dispersion[1]et elle est envoyée de Babylone[2]. Ce nom est probablement une façon de désigner Rome, la capitale de l’empire comme dans le livre de l’Apocalypse. Dans le Premier Testament, Babylone est aussi la ville de l’exil. L’expérience de la première Église a été celle d’un petit troupeau vivant dans un monde hostile. Pierre appelle les chrétiens à assumer cette marginalité et à se considérer comme des étrangers aux réalités de ce monde[3].

Parce qu’ils sont étrangers et qu’ils se comportent différemment, les chrétiens sont menacés par la persécution. L’épître demande à ses interlocuteurs de ne pas s’en étonner : il est normal que l’Évangile suscite des oppositions. Cette opposition peut être la marque de leur fidélité à un Christ qui lui-même a été rejeté. La marginalité et le rejet deviennent le signe paradoxal du fidèle : « Approchez-vous de lui, pierre vivante, rejetée par les humains… C’est la pierre que les constructeurs ont rejetée qui est devenue la principale, celle de l’angle[4]. »

Pour souligner cette thématique, l’épître évoque les différentes situations de vie : la relation avec les voisins, les autorités, les maîtres, au sein de la famille. Dans toutes ces situations, le chrétien doit se montrer serviteur pour témoigner de sa foi. Cette soumission qui pourrait être comprise comme de la servilité est transfigurée en Christ en chemin de foi et de fidélité. Ce comportement est tellement inhabituel qu’il doit susciter des interrogations, c’est pourquoi le chrétien doit se préparer à être témoin : « Soyez toujours prêts à présenter votre défense devant quiconque vous demande de rendre compte de l’espérance qui est en vous[5]. » Et si le prix à payer est la calomnie et la persécution, « mieux vaut souffrir en faisant le bien, si telle est la volonté de Dieu, qu’en faisant le mal[6]. »

Le temps de Dieu et celui de nos impatiences

Cette épître est la plus récente du Nouveau Testament. De faux prophètes ont profité du désarroi suscité par le retard de la venue du Royaume pour se moquer de la position des apôtres. L’auteur répond en disant que le retard de la parousie n’est pas dû à une faiblesse de Dieu, mais que nous sommes dans le temps de sa patience, et que « pour le Seigneur un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour[7]. » Derrière cette relativisation du temps, nous trouvons une spiritualisation du thème de la venue du Christ.

[1] 1 P 1.1.

[2] 1 P 5.13.

[3] 1 P 2.11-12.

[4] 1 P 2.4,7.

[5] 1 P 3.15.

[6] 1 Pi 3.17

[7] 2 P 3.8.