Dans l’épître aux Romains, Paul affirme deux positions contradictoires. Il dit que « la loi est sainte et le commandement saint juste et bon[1]», avant d’affirmer que « le commandement qui mène à la vie se trouva pour moi mener à la mort[2] ». Les deux affirmations sont vraies.

La loi est sainte parce qu’il n’y a pas de vie commune sans loi. En bon juif, Paul a appris que le mot loi, Torah, évoque la bénédiction de Dieu pour son peuple. Avant d’être une obligation, la loi est un don.

D’un autre côté, il est aussi vrai que la loi a mené Paul à la mort puisque c’est en croyant lui obéir qu’il en est venu à persécuter le Dieu auquel il croyait. Parce qu’il a vécu dans sa chair l’échec de la loi, Paul a été intransigeant contre tous ceux qui voulaient réintroduire des obligations légales dans la première Église : « Que personne ne vous juge à propos de ce que vous mangez ou buvez, pour une question de fête, de nouvelle lune ou de sabbat[3]. »

Pour penser l’articulation entre la loi et la foi, nous pouvons reprendre son raisonnement de l’épître aux Galates : « Avant que la foi vienne, nous étions gardés sous la loi, enfermés, en vue de la foi qui allait être révélée. Ainsi la loi a été notre surveillant jusqu’au Christ, pour que nous soyons justifiés en vertu de la foi. La foi étant venue, nous ne sommes plus soumis à un surveillant[4]. »

Ces versets mettent en tension la loi et la foi. Ils affirment que, tant que nous ne sommes pas dans la foi, la loi est une protection qui nous garde ; mais quand nous sommes dans la foi, la loi devient inutile. Prenons un exemple. La foi dit d’aimer son prochain et la loi dit de le respecter. Tant que je suis dans la foi et que j’aime mon prochain, je n’ai pas besoin de la loi. Mais je sais que je ne suis pas toujours dans la foi et qu’il arrive des moments où je n’arrive pas à aimer. C’est à ce moment que la loi intervient pour me dire que, si je n’aime pas mon prochain, je dois au moins le respecter.

La conscience au-dessus de la loi

Les Églises Pauliniennes accueillaient des chrétiens d’origine juive et d’autre d’origine païenne. Culturellement, les premiers étaient attachés aux prescriptions alimentaires, pas les seconds. Lorsque la question a été posée à Paul, il a répondu : « Celui qui mange, c’est pour le Seigneur qu’il mange, car il rend grâces à Dieu ; celui qui ne mange pas, c’est pour le Seigneur qu’il ne mange pas ; il rend aussi grâces à Dieu[5]. » L’important n’est ce qu’on mange, mais de pouvoir en conscience rendre grâce pour ce qu’on fait.

 

[1] Rm 7.12.

[2] Rm 7.10.

[3] Col 2.16.

[4] Ga 3.23-25.

[5] Rm 14.6.