
Ainsi soit le gospel dans les chœurs
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Publié le 21 juin 2016
Auteur : Marie Destraz
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Dans les cales des bateaux qui les mènent aux Etats-Unis, les esclaves venus des quatre coins du continent africain sont réunis. A leur arrivée sur le sol américain, pour communiquer, ils créent de nouvelles langues. Pour reconstruire leur humanité, ils fusionnent les éléments compatibles de leurs musiques et de leurs danses respectives pour en faire apparaître de nouvelles, parce que le sentiment d’appartenance à un groupe naît aussi de ses divertissements. Dès le début de la traite des noirs, en 1619, ce socle de musiques constitue les prémices du gospel. Il faut pourtant attendre la seconde moitié du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle et les débuts de l’évangélisation pour y trouver une trace du christianisme, relève le sociologue et spécialiste des musiques africaines Denis-Constant Martin.
Le cantique des esclaves
Entre les esclaves et les familles de planteurs du sud des Etats-Unis, il règne alors une forte intimité. Tous participent aux « camp meetings », des réunions religieuses à la campagne qui marquent le début du Réveil, mouvement d’évangélisation du XIXe lancé par des prédicateurs méthodistes. En plein air, sous les tentes, la ségrégation n’est pas stricte. Blancs et noirs, libres et esclaves écoutent le prêche. « Il se développe alors un corpus de chants religieux, basé sur des mélodies populaires. Les émotions, qui ont une grande place, passent par la voix et le corps. De la rencontre entre ces gens et du mélange des cultures naissent les spirituals », précise le sociologue. Par la suite, les noirs organiseront leur propre service religieux. Ils célèbrent alors les rituels chrétiens à leur manière, reprenant les cantiques des blancs en y apposant leurs polyphonies, aux origines africaines, mystérieuses pour les blancs. Ces premières églises influenceront la création des Eglises baptistes et méthodistes afro-américaines qui perpétuent ces polyphonies. […]