
Félix et Meira
Un contenu proposé par Pro-Fil
Publié le 19 février 2015
Auteur : Marie-Jeanne Campana
Lire directement l’article sur Pro-Fil
On trouve dans ce film tous les ingrédients de la mauvaise comédie : la bonne mère de famille, l’adultère, l’amour impossible, la ballade en gondole à Venise … Et pourtant ! Maxime Giroux a évité tous les pièges du genre et nous présente une œuvre d’une pudeur, d’une délicatesse et d’une subtilité qui nous la rendent très attachante. Meira vit entre sa petite fille et son mari. Banal. Oui mais là nous sommes dans le cadre de la communauté hassidique juive à Montréal avec ses rites, ses rituels, ses exigences, sa rigidité et son terrible enfermement. Sans complaisance ni caricature, Maxime Giroux nous montre la vie quotidienne de cette femme qui n’existe qu’en tant que mère reproductrice auprès d’un mari très religieux, peu sympathique, et qui semble plus préoccupé par les règles de sa religion que par l’épanouissement de ceux qui l’entourent.
Et de fait Meira étouffe littéralement dans ce milieu. Avec une délicate lenteur, le réalisateur nous montre l’éclosion progressive de cette fleur. Certes elle s’acquitte docilement, sans aucune réticence de ses devoirs de mère et d’épouse, mais sous un masque de soumission les signes de sa révolte nous apparaissent progressivement. On découvre qu’elle prend la pilule en cachette. Toujours en cachette elle écoute de la musique, elle dessine. Ses regards et ses soupirs nous en disent long sur son état d’âme. Et là il faut saluer l’excellente interprétation de Hadas Yaron toute en nuances et subtilité et tellement juste dans son personnage. Et puis en promenant sa fille dans le quartier, ce quartier multiculturel de Mile End à Montréal, elle rencontre Félix, incarné par Martin Dubreuil, avec sa tête de clown triste, qui vit une vie sans grand intérêt et qui n’a pas une grande consistance. […]