
Inherent Vice
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Publié le 23 mars 2015
Auteur : Jacques Vercueil
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Voilà un film policier dans l’exacte veine des vieux romans classiques – Sam Spade de Dashiell Hammett, Philip Marlowe de Raymond Chandler – avec tout ce qu’il faut de jeunes personnes égarées, de messieurs riches et tout-puissants, de disparitions et réapparitions. Le seul ‘juste’, à ses propres yeux, c’est Doc le ‘privé’, qu’on verra toujours sous quelque vapeur, imprévisible et indépendant, prenant des coups plus souvent qu’il n’en donne, sa sagesse étant de ne jamais croire un client, encore moins une cliente, et surtout pas les autres ; la terreur la plus présente, c’est Bigfoot, le flic aux cheveux en brosse et à la nuque rouge, brutal et fasciste, au service de l’argent. Les appels au secours se multiplient, les enquêtes aussi, pistes et méfaits s’enchevêtrent : on a très peu de chances de comprendre l’intrigue, mais bien sûr peu importe, elle n’est qu’un prétexte au voyage en train fantôme.
Le fantôme, c’est la Californie 1970, comme l’annonce l’affiche du film aux couleurs psychédéliques vert et magenta. Contre-culture hippie au temps de la guerre du Viet-Nam, fascination pour les grosses décapotables Cadillac ou Oldsmobile, pour le rock, les Doors et les Beattles, pour les psychotropes, LSD, cannabis, et plus. Epoque aussi de peur et de paranoïa, qui fait coexister dans le film la brutalité anti-hippie de Bigfoot, les expulsions de communautés pauvres pour faire place aux spéculations immobilières de Wolfsman, les menaces terroristes de Tareq et du Black Power et les brigades nazi de la Fraternité Aryenne, le souvenir tout frais de la ‘famille’ Manson et l’assassinat de Sharon Tate et ses amis… Fantôme évoqué avec un mélange de nostalgie et de moquerie. […]