
J’avancerai vers toi avec les yeux d’un sourd
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Publié le 6 février 2016
Auteur : Marie-Jeanne Campana
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Film écrit en souvenir de Vincent, homme de théâtre, sourd et homosexuel, qui, victime de l’ostracisme de la société, s’est donné la mort. Cet ami avait entrainé la réalisatrice dans son monde en lui faisant apprendre la langue des signes et le projet de ce film était né entre eux.
Le propos est délibérément militant. Laetitia Carton filme plusieurs familles dont une en particulier qui doit s’exiler à Toulouse pour mettre ses enfants dans une des rares écoles françaises qui accueille les sourds avec un enseignement adapté, qui pratique notamment la langue des signes. Elle s’intéresse également à la marche qu’une association de sourds avait organisée entre Paris et Milan pour attirer l’attention des médias.
Tous les protagonistes de ce film soulignent l’absurdité du système français actuel, aussi bien celui de l’éducation nationale que celui du monde médical, tous deux désespérément sourds, c’est le cas de le dire, à la détresse et à la spécificité du monde des sourds. La politique actuelle est en effet de tout fonder sur l’oralité, au nom d’une uniformisation, forçant les malentendants à prononcer, au prix d’efforts constants et peu concluants ; quant au monde médical, il s’échine à vouloir réparer les oreilles en appareillant les sourds, au détriment de la langue des signes. Or les personnes filmées réclament que ce soit la langue des signes, qu’ils jugent riche et complexe, qui soit enseignée car elle est leur culture et la richesse de leur monde. Un professeur de LDS (langue des signes) nous apprend d’ailleurs que « signer » ne passe pas seulement par les mains mais par le regard, l’expression, l’attitude et qu’un même mot peut être « dit » de multiples manières. […]