
Le poids de l’esclavage
Un contenu proposé par Les cahiers de l'École pastorale
Publié le 11 mai 2015
Auteur : Eddy Nisus
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[Archives] – Article paru en 2007
Quand on étudie l’histoire des Antilles françaises, on est surpris par le poids de l’héritage de l’esclavage dans cet espace géographique. Est-ce un passé qui ne passe pas ? Tout semble l’indiquer.
Il faut rappeler que l’histoire antillaise ne commence pas avec la découverte du Nouveau monde en 1492 par le navigateur Christophe Colomb. Encore moins avec l’installation coloniale au XVIIème siècle. Cet ensemble géographique était habité par des tribus indiennes qui ne nous ont pas laissé beaucoup de traces. On ne connaît les Indiens Arawaks que par ceux qui les ont anéantis, c’est-à-dire les Caraïbes, nom d’un autre peuple indien. Ces derniers nous ont laissé quelques vestiges qui nous éclairent sur leur civilisation. Le père Laba consacre plusieurs pages à décrire leur mode d’existence en Martinique et sur l’île de la Dominique, ancienne possession britannique. Il existe de nos jours, une communauté de Caraïbes présente sur l’île de la Dominique située à 60 kilomètres au sud de la Guadeloupe.
Quand la France entreprend la colonisation de la Guadeloupe et de la Martinique au XVIIème siècle, les premiers contacts entre colons et autochtones sont pacifiques. Mais la situation va très rapidement se dégrader et les deux communautés vont s’engager dans une guerre féroce qui aura pour conséquence la quasi-disparition de la population caraïbe.
Devenues possessions françaises par un jeu d’alliances et de traités entre nations européennes, les deux îles vont avoir une histoire symétrique. Le royaume de France accorde des licences à des compagnies. La Compagnie des Îles d’Amérique, dont l’un des principaux actionnaires n’est autre que le Cardinal de Richelieu, se donne une triple mission : d’abord la conquête territoriale, puis une mission de christianisation des « sauvages » et enfin, l’établissement de colons sur une durée de vingt ans.
On défriche, avec le concours des engagés, c’est-à-dire des petits Blancs, repris de justice ou vagabonds, qui sont placés sous contrat. Ils sont tenus de travailler trois ans durant pour les colons, et, au terme de cette période, le contrat prévoit en leur faveur une concession de terre.
La première culture qu’on développe dans ces îles est le tabac, qu’on abandonne peu à peu au profit de la canne à sucre. Pour cultiver cette plante, les colons recourent à une main-d’œuvre servile dont plusieurs nations européennes trafiquent sur le continent noir. Ainsi se met en place un système esclavagiste promu à un long et sinistre avenir et qui va fortement marquer l’histoire de ces deux îles. […]