
La Nati, victorieuse vitrine de la multiculturalité suisse ?
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Publié le 14 juin 2016
Auteur : Lise Tran
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21 sur 23. C’est le nombre de joueurs suisses d’ascendance étrangère lors de la dernière Coupe du monde en 2014 au Brésil. Si la Nati est championne de la mixité, se classant numéro un en 2014 dans cette catégorie, reflète-t-elle réellement une société qui intègre ses ressortissants étrangers ?
Première observation : le nombre de joueurs issus des Balkans est important : il se monte à huit. Pour Marco von Ah, responsable de la communication à l’Association suisse de football (ASF), elle est « un effet miroir de la société suisse ». « La proportion de jeunes originaires des Balkans dans les classes s’élève en effet à un tiers à la fin des années 90 », explique de son côté Jérôme Berthoud, chercheur à l’UNIL et coauteur de l’ouvrage Le football suisse : des pionniers aux professionnels. « C’est précisément de cette génération que proviennent la plupart des footballeurs aux racines balkaniques actuellement au sein de la Nati. » D’autres conditions ont favorisé la surreprésentation de footballeurs issus d’ex-Yougoslavie, notamment la difficulté d’une ascension sociale via un parcours scolaire classique.
Exemples positifs
Cette forte représentation suffit-elle pour parler d’intégration réussie ? « Ce serait un raccourci… rétorque Jérôme Berthoud. Qui peut dire que tel joueur est intégré ? Il ne faut pas oublier que l’on parle d’une minorité de personnes, qui plus est une élite économique, pas forcément représentative de la société suisse. » Voir dans l’équipe « multikulti » une vitrine glorieuse d’un pays qui brille par son système d’intégration reste pourtant tentant. Pourquoi ? Les exemples positifs de la multiculturalité ne s’avèrent guère nombreux : « A travers les faits divers, les médias véhiculent une image négative des personnes d’origine étrangère. L’utilisation du foot comme témoin d’une société qui intègre ses étrangers permet de la contrebalancer », observe le chercheur. Enfin, une telle considération n’est pas dénuée de risques : « L’argument peut être utilisé à l’inverse. Les préjugés sur les Albanais pourraient ressortir pour justifier de mauvais résultats », poursuit le chercheur.