Elle est repartie le plus discrètement possible. Mais cela n’a pas suffi. Depuis plus de sept mois, Sophie Pétronin, retenue en otage pendant quatre ans dans le nord du Mali et libérée en octobre 2020 dans un échange impliquant la remise en liberté de plus de 200 combattants djihadistes, a souhaité retourner auprès de sa fille adoptive, âgée de 19 ans. Selon France Inter, elle manquait cruellement à la septuagénaire. L’humanitaire et Zenabou ont été séparées de force le 24 décembre 2016, par un groupe de djihadistes affilié à Al-Qaida. Elles ne se sont revues qu’en mars dernier, lors du retour de Sophie Pétronin au Mali.

Installée à 4 000 km de là, en Suisse, depuis sa libération, elle a mal vécu le froid et l’humidité. D’autant qu’avec une retraite de 750 euros, elle éprouvait le sentiment d’être passée d’une captivité à une autre, rapporte la radio. C’est une note rédigée par la direction générale de la gendarmerie malienne qui a révélé le retour de Sophie Pétronin sur le sol malien. Un document qui demande expressément aux forces de l’ordre de localiser la travailleuse humanitaire française, de l’appréhender pour la conduire à Bamako, la capitale du pays.

Enjeux diplomatiques

Mais avant de passer la frontière avec l’aide de son fils, la Française a tenté d’obtenir un visa de séjour dans son pays de cœur, relate la radio. En vain. Elle a ensuite convaincu Sébastien Chadaud-Pétronin de l’aider à atteindre son but. Après avoir rallié Dakar en avion, les Pétronin ont gagné le Mali par la route, puis Bamako. Une ville jugée sûre par Sébastien Chadaud-Pétronin, car située loin des zones de conflits, relaie la RTS. “Elle vit à Bamako comme 8 000 Français, avec en plus tout un protocole de sécurité. Elle est discrète, elle n’embête personne, elle ne sort pas de son appartement”, a-t-il précisé demandant qu’on “la laisse terminer sa vie comme elle a envie de le faire”.

En raison d’une importante présence djihadiste, le Mali est au cœur d’enjeux diplomatiques. La France, mais aussi l’Union européenne et les États-Unis encouragent Bamako à ne pas faire appel aux services des mercenaires du groupe privé russe Wagner. La junte au pouvoir, avance quant à elle que les hommes du groupe permettraient de lutter contre le terrorisme. Selon Le Point, le groupe est connu pour sa proximité avec Vladimir Poutine. D’ailleurs, une multitude d’organisations non-gouvernementales et de journalistes assure que le Kremlin se sert du groupe pour défendre ses intérêts à l’étranger. Des affirmations démenties par la Russie.