Il a entamé une grève de la faim le 2 avril dernier pour protester contre sa détention. Bientôt trois mois, donc, que Alaa Abdel-Fattah, icône de la révolution égyptienne de 2011 et détenu politique le plus célèbre d’Égypte, refuse de s’alimenter. “Il refuse de s’alimenter parce que sa situation carcérale doit changer, il est placé sous surveillance renforcée, à l’isolement, il n’a pas droit à des livres, à de l’exercice physique et cette prison est connue pour ne respecter aucune loi”, avait alors déclaré sa mère à l’AFP, citée par France 24. 

En décembre 2021, l’homme de 40 ans avait été condamné à cinq ans de prison, accusé d’avoir diffusé “de fausses informations.” Il avait notamment publié deux mois plus tôt un ouvrage intitulé You Have Not Yet Been Defeated (“Vous n’avez pas encore été vaincus”, Fitzcarraldo, non traduit), précise Le Monde. Comme le rappelle le quotidien, ce militant de gauche a, depuis 2013, passé l’essentiel de son temps derrière les barreaux.

60 000 détenus politiques 

Le 18 mai dernier, il avait finalement été transféré de la prison de haute sécurité de Tora, au Caire, au nouveau centre de détention de Wadi Natroun. Jointe par Le Monde, sa mère s’était dite soulagée : “Nous allons continuer de nous battre pour la libération d’Alaa. Mais, au moins, il peut recevoir des soins de santé à Wadi Natroun. Il est faible physiquement, mais il va mieux émotionnellement”. 

En 2019, le militant avait également été arrêté après de rares manifestations contre le pouvoir du président Abdel Fattah Al-Sissi. L’Égypte compte par ailleurs 60 000 détenus politiques, dont de nombreux sont, d’après Amnesty International, “des militants pacifiques, des défenseurs des droits humains, des avocats, des universitaires et des journalistes détenus uniquement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association”. 

Dans une tribune publiée dans Le Monde, des élus du Conseil de Paris appellent à la libération du militant. “Nous, élus du Conseil de Paris, avons fait le choix d’élever Alaa Abdel Fatah au rang de citoyen d’honneur en raison de son engagement pour la démocratie, pour la laïcité et pour les droits humains en Égypte. Aujourd’hui, sa vie est en grave danger après plus de quatre-vingts jours de grève de la faim”, écrivent-ils avant de conclure : “Nul ne devrait jamais être privé de ses droits pour avoir exercé sa liberté d’expression.”