Si l’expression de « guerre de religions » est souvent un prétexte pour entretenir la méfiance vis-à-vis du fait religieux dans son ensemble, nous croyons au contraire, au Défap, à l’importance des religions pour entretenir le dialogue entre les peuples et les cultures. Mais force est de constater que les religions (ou du moins les institutions qui les représentent) peuvent aussi être instrumentalisées par les tensions politiques. C’est aujourd’hui le cas à propos de la guerre en Ukraine. Depuis l’invasion du territoire ukrainien par les troupes russes, et avec les révélations de plus en plus nombreuses d’attaques russes contre des cibles civiles, les différentes religions appellent le plus souvent à la paix. Mais dans des termes souvent différents, et qui dévoilent de fortes tensions entre elles.

Ces tensions sont d’abord perceptibles en Ukraine. Les deux-tiers des Ukrainiens se disent orthodoxes, et un peu moins de 9% sont catholiques. Les autres courants du christianisme sont très minoritaires : 1,9% pour les protestants toutes dénominations confondues. Quant aux autres religions, elles sont très peu représentées : 1,1% pour les musulmans, une minorité présente depuis le XIVe siècle, 0,2% pour les juifs.

Chez les orthodoxes ukrainiens, des appels à la rupture avec le Patriarcat de Moscou

Les orthodoxes d’Ukraine sont partagés entre l’Église dépendant du Patriarcat de Moscou, celle du Patriarcat de Kiev, créé en 1992 et dissident du Patriarcat de Moscou, et une petite Église autocéphale – terme utilisé pour décrire chez les orthodoxes des « Églises-sœurs » indépendantes hiérarchiquement, mais unies par la même foi. Dans cet ensemble, c’est le Patriarcat de Moscou qui dispose du clergé le plus nombreux et du […]