
« Le risque des sanctions contre la Russie : conforter Poutine dans sa ligne dure »
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Publié le 16 septembre 2014
Auteur : Louis Fraysse
Il faut en distinguer les effets économiques, qui se font déjà sentir en Russie, des effets politiques, pour l’heure nuls. Sur le plan économique, les conséquences des sanctions sont sévères : le rouble est en chute libre (il a baissé de presque 10 % par rapport au dollar depuis janvier), tout comme les actions cotées à la Bourse de Moscou. Certains produits manquent – notamment agricoles en raison de l’embargo russe à destination des produits européens – et les prix augmentent. Dans le même temps, la fuite des capitaux prend une tournure spectaculaire (au premier trimestre 2014, 36,5 milliards d’euros ont quitté la Russie) et la croissance est, sans surprise, en berne. Vu ce contexte, il est possible que l’économie russe entre en récession en 2015.
Comment sont-elles perçues par la population, et présentées dans les médias ?
Il y a, chez les Russes, une certaine résilience qu’il ne faut pas sous-estimer – due peut-être aussi, en partie, aux références constantes du Kremlin à la Seconde Guerre mondiale… Les commentaires de Russes « ordinaires » affirmant ne pas avoir peur d’une « guerre économique » avec l’Occident sont légion. Tout comme ceux prétextant que « la Russie est un pays fort », et qu’elle « n’a pas besoin de l’Occident » pour suivre sa propre voie.
Il est certain que Vladimir Poutine utilise une grille de lecture mentionnant des ennemis de l’intérieur, financés par l’étranger. Les commentaires des principaux dirigeants du pays, amplement relayés par les médias, présentent les sanctions comme ayant pour finalité de renverser le pouvoir russe. La télévision, surtout, martèle ce message.
Les hydrocarbures, qui comptent pour la moitié du budget fédéral russe, sont essentiellement exportés vers l’Europe. La Russie pourrait-elle tenir si l’UE décrétait un embargo ?
La question se pose différemment selon qu’on se trouve à Moscou ou dans les États membres de l’UE.
Le Kremlin s’est d’ores et déjà positionné dans une logique de « pivot » – tant économique que politique – vers l’Asie, que ses exportations d’hydrocarbures sont censées accompagner. En clair, Moscou tente d’opérer un rééquilibrage de ses exportations de pétrole et, surtout, de gaz, avec les pays d’Asie, au premier rang desquels la Chine. Le discours russe actuel diminue donc l’importance de l’UE en soutenant que l’essentiel de la croissance et de la consommation se trouve aujourd’hui en Asie. […]
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