
L’exode de ceux qui fuient l’inhumain
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Publié le 26 novembre 2015
Auteur : Joëlle Herren Laufer
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Il est 11h30, un bus à deux étages débarque en rase campagne, non loin de la ville serbe de Sid en provenance de Preshevo, la frontière macédonienne. C’est le 17e ce matin. Après huit heures de route, les 65 passagers originaires de Syrie, d’Afghanistan, ou d’ailleurs sont épuisés et affamés. On leur enjoint de gagner au plus vite la frontière croate. Ils prennent rapidement de quoi se ravitailler, se soigner ou se vêtir aux stands des organisations humanitaires.
Sur Suhaila en fait partie. Cette Syrienne de 30 ans voyage depuis dix jours seule avec ses quatre enfants ainsi que les quatre filles de sa soeur. Au sortir du bus, elle remplit des sacs de vivres : bananes, pommes, pain, barres énergétiques, bouteilles d’eau, serviettes humides, brosses à dents. Elle demande un pantalon pour son garçon de 10 ans, prend des collants pour ses fillettes puis installe une couverture par terre pour manger quelque chose avant de traverser la frontière. Avec des gestes sûrs, elle nourrit la plus petite de 3 ans, prend la peine de jeter les déchets à la poubelle, nettoie la bouche de chacun, enfile une jaquette au garçon, attache les cheveux d’une autre. Surtout, ne pas regarder en arrière ni penser à son mari dont elle a perdu la trace. Elle pare au plus pressé. Son arrêt a duré quinze minutes à peine, et les voilà de nouveau en route, rassasiés, propres, couverts, prêts à repartir sourire aux lèvres. […]