
Sharon, l’homme de la peur
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Publié le 29 janvier 2015
Auteur : Philippe Kabongo-Mbaya
Que restera-t-il de la vie d’Ariel Sharon ? Ce nom que la mort a sauvé d’un coma de huit ans et qui convoque plusieurs mémoires, infiniment complexes, celle des admirateurs ou des ennemis ! Il n’est pas nécessaire de se situer par rapport au sionisme pour garder cette lucidité. Pour preuve : le regard de cet excellent écrivain, parmi les plus brillants d’Israël, Amos Oz. De Sharon il disait : « Il ressemblait à ces juges d’Israël tout droit sortis de l’Ancien Testament. II avait commencé par défendre son village contre les attaques et les pillages, avant de pourchasser ses ennemis, de conquérir et de détruire leurs villages, puis d’ériger de nouveaux villages, puis de les défendre, puis à nouveau de pourchasser ses ennemis, et ainsi de suite, en un cercle vicieux. »
Artisan de paix, leader du mouvement juif « La Paix Maintenant », Amos Oz reconnaît également : « On l’avait traité de “bulldozer” lorsqu’il avait implanté les colonies, et c’est en bulldozer qu’il les a déracinées. L’évacuation des colons israéliens de Gaza n’a été ni plus ni moins qu’une opération militaire. Sharon a écrasé les colons comme il avait gagné tant d’autres batailles: par une guerre éclair. Pas un édifice de ces colonies n’est demeuré intact. » Sharon était un homme total, un militaire total, un tacticien total, y compris en politique. Porté par une vision intraitable du destin d’Israël, ses bifurcations brutales n’ont apporté que peu de fluidité au jeu politique. Sans doute parce qu’elles ont manqué de flexibilité dans la compréhension de ce qui se passe dans cette région du monde. Le militarisme et le « pacifisme » ont chacun leur propre logique ; il ne suffit pas d’être successivement radical dans l’une et l’autre option pour être efficace. […]
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