Pertinence du protestantisme
De ces deux affirmations, nous pouvons tirer trois conséquences.
La vitalité du protestantisme repose sur la capacité de ses membres à exercer leur liberté de conscience et à se laisser inspirer par la Bible. Un vieux protestant disait à un jeune pasteur : « le malheur du protestantisme est que les protestants n’aiment plus la Bible. Si ce n’est pas pour rester accroché au Livre, alors il vaut mieux être catholique, là au moins, on est à l’abri, protégé par l’Église. »
Si le protestantisme est fondé sur la liberté de conscience éclairée par l’Évangile, les institutions deviennent secondes. Le protestantisme est marqué par la précarité. Si on se projette dans un siècle, il n’est pas sûr que les institutions protestantes actuelles existeront toujours, en revanche il existera encore des hommes et des femmes qui seront bouleversés par la parole de grâce et de liberté que l’on trouve dans les évangiles.
Une leçon de l’histoire est que chaque fois qu’une religion s’est trouvée en position hégémonique, elle s’est dénaturée. Cette loi ne souffre aucune exception. C’est pourquoi la division des Églises ne doit pas forcément être considérée comme un mal. La meilleure chose qui peut arriver au protestantisme est d’avoir en face de lui un catholicisme dynamique et vigoureux pour lui rappeler le sens de l’histoire et de l’universel ; de même que le catholicisme est au bénéfice du protestantisme lorsque ce dernier ne cesse de confesser la liberté et la contestation qui traversent les évangiles.
De même qu’il y a plusieurs évangiles, parce qu’un seul ne suffit pas pour dire l’événement Jésus-Christ, il y a plusieurs Églises parce qu’aucune n’épuise à elle seule la richesse de l’Évangile.