La notion d’alliance apparaît très tôt dans la Bible, puisque la première alliance conclue l’est avec Noé, à la sortie du déluge, ce qui correspond au commencement de l’histoire.

Le mot alliance évoque le type de relation que Dieu veut entretenir avec l’humanité. Pour entendre le sens de ce mot, nous pouvons le mettre en tension avec deux autres compréhensions de Dieu.

Une première position est le déisme qui croit en un être créateur, mais qui pense que Dieu n’interagit pas avec le monde et n’intervient pas dans la destinée des humains. Aristote définissait Dieu comme la cause première. Comme tout a une cause, chaque cause a elle-même une cause. En remontant l’enchaînement des causalités, on arrive à une cause première qui n’est causée par rien. Ce principe est Dieu, mais une fois le monde causé, il n’intervient plus dans l’enchaînement des événements.

À l’opposé du déisme, nous trouvons le panthéisme qui pense que Dieu est tout. Il est l’ensemble de ce qui existe. Le panthéisme est un naturalisme qui confond Dieu avec la nature. Dans le panthéisme, il ne faut pas croire en Dieu, mais admettre le monde tel qu’il est.

Entre le déisme et le panthéisme, le Premier Testament propose une troisième compréhension exprimée par le terme d’alliance. Le mot évoque une collaboration entre Dieu et l’humain. Il induit l’idée d’un Dieu qui s’engage avec l’humanité, sans se confondre avec les événements.

Dans le vocabulaire du Premier Testament, le verbe associé à l’alliance n’est pas lier comme en français, mais trancher : on tranche une alliance, ce qui signifie que cette notion repose sur la reconnaissance et la dignité des différences. En s’alliant à l’humain, Dieu reconnaît qu’il a besoin des hommes pour que s’accomplisse son dessein, de même que l’humain a besoin du divin pour se conduire dans le monde.

Nous trouvons dans le Premier Testament, trois grandes alliances : avec Noé, Abraham et Moïse. Les interprétations rabbiniques montrent que, lors de ces différentes alliances, les hommes ont un niveau de responsabilité de plus en plus élevé. Dans la première alliance, avec Noé, l’humanité n’a aucune part : Dieu promet de sauvegarder la création sans que l’humain n’ait rien à faire de particulier. Dans l’Alliance avec Abraham, celui-ci doit, par la circoncision, marquer dans sa chair son adhésion au peuple de Dieu. Et dans l’alliance avec un grand A, celle du Sinaï, le peuple d’Israël est un véritable partenaire qui doit vivre la Torah, laquelle concerne toutes les dimensions de la vie.

Souvent, les maîtres ont utilisé l’image d’un père avec son enfant pour éclairer cette évolution entre les différentes alliances : un père qui tient la main de son enfant de trois ans pour traverser la rue est touchant alors qu’un père qui tient la main de son enfant de vingt ans pour traverser la rue est ridicule ! À travers les différentes alliances, Dieu veut que l’humanité accède à la maturité.

Dans le livre de Jérémie, nous voyons apparaître l’annonce d’une nouvelle alliance décrite de la façon suivante : Je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai sur leur cœur… tous me connaîtront, depuis le plus petit d’entre eux jusqu’au plus grand. Dans cette économie nouvelle, la rencontre, le dialogue entre Dieu et l’humain, ne passe plus par un commandement ou un précepte religieux ; il est direct, intime, singulier.

Les chrétiens voient cette nouvelle alliance accomplie en Jésus-Christ qui, lors de son dernier repas à déclaré en partageant le vin : Cette coupe est l’alliance nouvelle en mon sang, qui est répandu pour vous. En Jésus-Christ, Dieu est pleinement entré dans notre monde.

Pour illustrer cette notion d’alliance, un apologue.

Un croyant se plaignait de l’absence de Dieu dans le monde. Il répétait sans cesse : « Où est Dieu dans les guerres, les famines, les injustices et les persécutions ? » Au bout d’un moment, son voisin, agacé, lui déclare qu’il n’a qu’à poser la question directement à Dieu. « Je le ferai dès ce soir ! ». Le lendemain le voisin l’interroge sur la réponse de Dieu et le croyant répond : « Dieu m’a répondu la même chose : “Que fais-tu dans les guerres, les famines, les injustices et les persécutions ? »

Production : Fondation Bersier / Texte : Antoine Nouis / Présentation : Gérard Rouzier