
Baisse des prix du pétrole : profitons-en… pour changer de cap
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Publié le 3 mars 2015
Auteur : Jacques Varet
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Tribune parue le 24 février 2015 dans « La Croix »
La baisse des prix du pétrole sur les marchés internationaux, inattendue, suscite les explications les plus diverses. A plus de 100 dollars le baril, les consommateurs qui le peuvent se détournent du pétrole au profit d’autres sources, notamment en Chine. L’augmentation du prix du dollar joue aussi en ce sens. Le développement des opérations de gaz et pétrole de schiste a atteint son objectif, qui était justement de provoquer cette baisse. L’Arabie saoudite continue à mettre sur le marché les quantités suffisantes pour ruiner ces initiatives et a les moyens d’attendre. A la veille de la conférence climat de Paris, face au risque de mesures contraignantes il fallait absolument émettre un signal fortement démobilisateur, renforçant le camp des climato-sceptiques.
Mais au-delà des explications bien spéculatives, comment agir ? Et d’abord comment penser ? Après le choc pétrolier de 1973-1978, et le terrible contre-choc de 1996 qui a marqué l’arrêt des politiques de maîtrise de l’énergie et de promotion des énergies renouvelables, les politiques climatiques avaient lentement permis de relancer au tournant du siècle de nouvelles mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais il faut dire que c’est l’ascension des prix du brut, jugée inéluctable du fait de l’atteinte du « pic », qui a surtout convaincu du caractère urgent de ce changement. Les politiques n’ayant pas réussi à s’entendre pour taxer suffisamment les énergies fossiles et financer le redéploiement énergétique, ce sont en définitive les pays et les opérateurs pétroliers et gaziers qui ont arbitré à leur profit.
Sans doute ont-ils eu la main un peu lourde, de sorte que nous observons aujourd’hui un « contre-choc » qui met en difficulté non seulement les gaz de schiste et les hydrocarbures « non conventionnels », mais également certains groupes pétroliers. Mais le risque est surtout de mettre en péril toutes les politiques de « transition écologique », et l’adoption des mesures un peu contraignantes lors de la prochaine conférence « Paris Climat 2015 » ! Or le pic pétrolier et celui des énergies fossiles sont inéluctables, et la baisse des cours actuelle sera de courte durée. […]