« Je peux vous téléphoner ? »

« A cette période de l’année, les filles ont plus envie de parler », commente un policier de la sûreté vaudoise qui préfère rester anonyme. « Depuis le temps qu’on les côtoie, elles ont bien compris qu’on n’avait pas d’a priori sur elles, alors qu’auprès d’instances sociales ou religieuses, elles préfèrent cacher leur prostitution ». Et cet homme de sortir de sa poche des messages qu’il a reçus sur son smartphone, en plus de cartes de vœux de la part de prostituées : « J’aimerais vous parler un petit moment, je peux vous appeler ? » et « Est-ce que je peux vous téléphoner  ? »

Cela dit, beaucoup de ces femmes partent à Noël pour revenir après Nouvel-An, ou prennent même trois mois de vacances. « Pour celles qui restent, la météo influence beaucoup leur taux d’activité », indique son collègue Sylvain Lienhard de la Police judiciaire lausannoise. Celui-ci évoque alors l’intérêt financier pour celles « qui assurent la permanence » vu qu’elles sont moins nombreuses.

Noël ou pas, les filles restent groupées par clan. L’esprit de fête qui se propage dans la ville, ne serait-ce qu’au moyen des guirlandes, ne les pousse pourtant pas à se mélanger. Et les conditions de travail se dégradent : les travailleuses du sexe opèrent à des prix toujours plus bas, dans des lieux toujours moins sécurisés. « Tout est devenu beaucoup plus malsain. On est là pour aider les personnes qui sont vraiment victimes de la prostitution et du trafic des êtres humains », commentent les deux agents, tous deux rattachés à la police des mœurs.
Attablés à la table d’un café lausannois, ils disent aimer pouvoir travailler et marquer un changement en ce sens. […]