Avant d’être cadre infirmier et formatrice à l’école d’infirmières, sœur Nathanaëlle a exercé en chirurgie néonatale. Ce furent ses premiers contacts avec la mort et l’accompagnement des familles. Dans ces expériences, elle a saisi l’importance de l’écoute inconditionnelle du malade, des soignants et des familles qui ont besoin de confier leur détresse devant la douleur et la mort.

La présence qui soigne

Sœur Marie-Pierre, chargée d’éthique au sein de la Fondation Diaconesses, rappelle que « quand tout est mis en place pour soulager la souffrance, la présence du soignant, de l’intervenant spirituel, du bénévole est bienfaisante. Cette attitude d’écoute et de respect ne s’impose ni ne juge, continue à veiller sur le patient, en lui apportant un soin d’attention et de paix ». Ainsi, poursuit sœur Marie-Pierre, « lorsqu’il n’y a plus rien d’autre à faire, cette présence est un ultime don qui accompagne et qui aime jusqu’à son dernier souffle ». Selon sœur Nathanaëlle, dans ce travail du soin d’une personne extrêmement vulnérable et fragile en fin de vie, le savoir-faire soignant est essentiel pour ne pas accentuer la douleur du malade. Cela permet au soignant de se concentrer sur l’attention et la présence à la personne soignée. La famille et les proches qui attendent dans le couloir ont également besoin de cette prévenance, qui est aussi un soin.

Un accueil qui ouvre au pardon

Sœur Marie-Pierre nous dit que « cela implique de ne pas se dérober à cet échange même silencieux qui peut apporter une paix même en fin de vie. Une personne atteinte d’une maladie grave dont la fin de vie est imminente peut faire l’expérience de la solitude et du silence. Cette expérience de solitude s’oppose à celle du repli, celui de l’isolement, celui de personnes qui n’ont pas de visite. C’est une détresse intense, comme ce patient visité qui avait exprimé son isolement en disant : “ je suis enfermé – je ne peux pas sortir. Mes yeux sont abîmés par la souffrance. J’attends ! Ma femme doit venir, mais je ne sais pas quand. Les journées n’en finissent pas, je n’ai plus goût à rien”. Cette solitude », poursuit sœur Marie-Pierre, « peut être un espace possible de confrontation entre l’être de chair avec ses désirs et ses manques, et l’être intérieur qui peut les accueillir et les reconnaître. Ce travail de pardon intérieur peut permettre à la personne de trouver la paix du cœur, dans une forme d’unité de la personne avec elle-même, même à l’extrême de sa vie ». Pour sœur Marie-Pierre, « ce sont ces instants, où la présence prend la forme d’une écoute au cœur du silence, et d’une écoute de ce que la souffrance cherche à abîmer en l’être humain ». Elle se souvient d’un patient atteint d’une tumeur au visage qui s’amplifiait de jour en jour, au point qu’il était de plus en plus difficile de soutenir son regard. Régulièrement, cet homme était visité par un intervenant spirituel. Jour après jour, il entrait dans un silence et dans une paix spirituelle tout aussi progressive que sa tumeur. Sœur Marie-Pierre comprend cette paix « comme la manifestation d’une parole dans un corps de souffrance. Elle est pour elle comme une nouvelle naissance, un défi lancé à leur propre vie. Elle rejoint le sens sacré de leur existence ».