Il y a dans le monde une violence meurtrière. Nous prenons part à la souffrance des peuples déchirés par la guerre : Syrie, Afghanistan, Irak. Les médias nous en parlent abondamment. Mais il y a aussi dans le monde d’autres pays où sévit une violence meurtrière. Les dégâts sont considérables, mais le fait est beaucoup moins connu. C’est pourquoi une intervention de Rachel Kleinfeld au sommet Ted 2019 (1) nous paraît particulièrement importante. Rachel Kleinfeld travaille dans un think tank international : le Fond Carnégie pour la paix internationale (Carnegie Endowment for international peace). Elle a pour mission de conseiller  les gouvernements pour les aider à remédier à la violence. Et là, elle a découvert qu’une bonne partie de la violence meurtrière qui sévit dans le monde passe inaperçue.  De fait, il y a dans le monde des pays inégalitaires qui sont marqués par une extrême violence. Mais cette situation n’est pas irrémédiable. Rachel Kleinfeld nous montre comment, en certains lieux, une mobilisation démocratique a rompu la spirale de la violence. Il y a « un chemin vers la sécurité dans les pays les plus mortifères (« A path to security for the world deadliest countries).

 Les pays les plus dangereux

« Le Brésil est aujourd’hui le pays le plus violent au monde. Dans les trois dernières années, il ya plus de gens qui y sont décédés de mort violente qu’en Syrie. Et, au Mexique, il y a plus de gens qui y sont morts ainsi qu’en Irak ou en Afghanistan . Et, à la Nouvelle –Orléans, il y a plus de morts violents par habitant que dans un pays déchiré par la guerre comme la Somalie…. De fait, 18% seulement des morts violentes dans le monde sont causées par la guerre. Aujourd’hui, les probabilités de mourir de mort violente est plus grande si vous vivez dans une démocratie à niveau de vie moyen avec une grande inégalité de revenu et une forte polarisation politique.  Sait-on qu’il y a aux Etats-Unis quatre des cinquante villes les plus violentes du monde ? ». Rachel Kleinfeld nous amène ainsi à une prise de conscience. Nous découvrons une nouvelle forme de violence. C’est un défi, mais ce n’est pas une fatalité. Un petit nombre de gens peuvent faire beaucoup pour mettre fin à la violence dans nos démocraties. Et si le vote fait partie du problème, c’est aussi la clef de la solution.

Lorsque la violence meurtrière devient ordinaire.

Le méfait des privilèges

En comparant des statistiques, Rachel Kleifeld a découvert qu’il y a des journalistes assassinés dans des pays qui ne sont pas dépourvus économiquement. Mais ces pays sont marqués par une grande inégalité sociale et les privilèges d’une petite minorité qui tient le pouvoir en s’appuyant sur des groupes mafieux.

A partir de l’exemple du Vénézuéla où le nombre de morts violents par habitant est aujourd’hui le plus élevé du monde, Rachel Kleinfeld analyse un processus dans lequel le pouvoir politique se maintient au pouvoir à travers des groupes qui finissent par l’emporter sur les autorités légitimes : justice et police.  Dans ce processus, dans certains pays d’Amérique latine, en regard les pauvres cherchent à s’organiser, mais ce processus dégénère à son tour.

Rachel Kleinfeld pointe un autre aspect du problème. Généralement la violence est concentrée dans des quartiers démunis. « Elle affecte les gens du mauvais côté de la ville, les gens qui sont pauvres, marginaux, souvent colorés. Les classes moyennes habitent dans un meilleur environnement. Elles peuvent regarder de loin le phénomène de la perturbation sociale. « Nous nous disons que la plupart des gens qui sont tués sont eux-mêmes des gens probablement impliqués dans le crime ». On se rassure et on se désintéresse.

La violence meurtrière aujourd’hui n’est plus majoritairement le résultat d’une guerre. C’est la conséquence d’une politique pourrie dans certaine