
« La laïcité n’est pas la négation du fait religieux »
Un contenu proposé par La Vie Protestante
Publié le 21 septembre 2015
Auteur : Anne-Sylvie Sprenger
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Face à la polémique suscitée par « L’Arche de Noé », vous avez été contrainte de clarifier les choses. Quel sentiment cela a-t-il suscité en vous ?
Je me suis surtout rendu compte que les choses n’étaient pas claires pour tout le monde, et qu’il était donc nécessaire de reposer le cadre, de préciser à nouveau ce que signifie une école laïque. Il est fréquent de devoir clarifier certains points, d’avoir à les répéter, cela fait partie de la vie d’un Département.
Comment expliquez-vous cet échauffement des esprits ?
Il y a eu dans ce cas un problème de communication. La presse a parlé d’interdiction, alors qu’il n’y a jamais eu d’interdiction au sens formel. Ni le Directeur général ni moi-même n’étions au courant. La commission qui évaluait ce projet d’opéra a soulevé des questions pratiques et techniques quant à sa faisabilité. Puis est venue se greffer également une interrogation liée au respect de la laïcité. Par souci de précaution, la commission a préféré choisir une autre œuvre. C’est donc plutôt d’autocensure qu’il faudrait parler.
Votre avis sur la question ?
Ceux qui pensaient qu’il ne fallait pas jouer Britten parce que cela équivaudrait à faire réciter une prière à des enfants n’ont juste pas compris ce qu’est la laïcité. La laïcité, c’est la neutralité de l’Etat par rapport aux religions, ce n’est pas la négation du fait religieux. Le christianisme est intimement lié à notre histoire et notre culture. On ne va pas, sous prétexte qu’il y a des personnes aux confessions différentes ou non croyantes, faire comme si le christianisme n’existait pas.
Justement, où en est-on avec l’enseignement du fait religieux ?
A Genève, à la différence des autres cantons romands hormis Neuchâtel, on n’a pas de cours d’« Histoire des religions ». Le fait religieux est cependant au programme du Cycle d’orientation par le biais des cours d’histoire. C’est un choix intéressant, car le rôle de l’école est de resituer le fait religieux dans un contexte, souvent géographique mais aussi historique. Dans ce sens, un corpus de grands textes, religieux ou en lien avec cette thématique, a été mis au point pour servir de base de discussions. […]