Nous sommes dans une culture qui a changé. Cela ne date pas d’hier. Depuis le XIXe siècle au moins, le référent biblique n’est plus au cœur des discours scientifiques, idéologiques, ni même culturels. Ne nous racontons pas d’histoires. Certes, encore aujourd’hui, ici et là, des expressions, des œuvres, des valeurs, des convictions y font référence.

Pour autant, le niveau de méconnaissance biblique dépasse souvent tout ce que nous imaginons. Parfois, c’est cocasse, au moment où les jeunes parents apprennent après coup que le prénom qu’ils ont choisi est biblique. Parfois, c’est un peu plus troublant, au moment où votre interlocuteur découvre stupéfait que la Bible est un recueil avec plusieurs auteurs qui n’ont pas vécu à la même période : « Mais vous en êtes sûr ? ». Aïe ! Ouille ! J’ai mal à ma Bible. Ce qui est le plus désarçonnant reste l’absence d’intérêt, de curiosité et l’absolue certitude que sa lecture ne serait qu’une perte de temps. Finalement, pour la plupart de nos contemporains, il ne leur vient pas à l’esprit que les Écritures peuvent parler, aider et offrir quelques perles pour la relation à soi, aux autres, à la société, et qu’elles nourrissent la dimension spirituelle de chacun.

Il est vrai que la spiritualité ne passe plus nécessairement par les religions. Il est vrai que, parfois, nous ne sommes pas aidés par quelques mouvements sectaires, très actifs et présents sur les marchés ou ailleurs, qui présentent la Bible comme un livre de recettes enfermant les textes dans des cases prédéfinies. Il est vrai aussi que nous n’arrivons pas toujours à trouver les mots, les conseils pour inviter à une rencontre avec les Écritures même si nous les présentons comme un recueil de mémoires et d’histoires, de témoignages de foi. Il est vrai que nos pratiques peuvent contredire nos discours. Ainsi, nous avons vraisemblablement tort d’exposer sur la table de communion une bible ancienne qui n’est jamais utilisée lors d’un culte.

Nous la transformons en pièce de musée, exprimant l’exact inverse de ce que nous croyons : un recueil vivant et qu’il est bon d’interroger pour aujourd’hui. Des bibles sous de multiples formes et traductions sont sur le rayon des librairies. Les livres d’introduction ne manquent pas non plus. Notre Église a lancé le mouvement « lire la Bible » avec un livre de fiches qui devrait être édité très prochainement. Bref, pourquoi ne pas se lancer pour ce Noël à chercher et donc à trouver le bon ouvrage, le bon album, le bon jeu, la bonne reproduction qui ferait découvrir les Écritures ? Ce sera un beau cadeau.