Aux côtés de deux fous de sport, j’ai grandi dans l’amour de l’athlétisme bien sûr, mais également dans celui des Jeux Olympiques. Mes parents se sont rencontrés sur un stade et ont passé toute leur vie ensemble. Ma mère a été championne de France du 120 m haies. Mon père, lui, a été professeur d’éducation physique et a pratiqué la boxe à haut niveau.

Je porte sur le sport le regard d’un amoureux qui vient du monde de la littérature et de la philosophie. Pour paraphraser François Truffaut : « Tous les Français ont deux métiers, le sien et celui de critique de performances sportives. » J’ai dans mes bagages un petit stock d’écrivains qui ont sublimement écrit sur l’athlétisme ou sur la performance sportive, tels l’Anglais Alan Sillitoe, Antoine Blondin mais aussi Platon, Hegel ou Diderot. Il existe également deux ou trois textes de Colette qui ne sont pas très connus.

Je cherche à savoir ce qui se passe humainement dans une performance. Ce qui me fascine tant, au fond, dans le sport, c’est l’humanisme en acte. Celui qui nous permet de dépasser certains préjugés que l’on peut porter sur des régimes. L’humain transcende le national, le politique, le racial, l’historique. C’est pour cela que je dis que les Jeux sont une expérience concrète d’humanisme.

Je relève un lien entre l’écriture et le sport : la recherche de l’excellence. J’ai toujours conçu mon travail comme un entraînement sportif, qui prépare au geste impossible, au moment de grâce. En ce sens, le sport est une leçon de philosophie. Le sport est un condensé de ce que peut être une vie exigeante. C’est produire le maximum d’effets avec le minimum d’énergie. Dans l’écriture, c’est pareil. Une belle phrase, c’est une phrase qui, avec un minimum de mots, génère de l’émotion et de la pensée.