
Notre génération est métisse, libre et en colère
Un contenu proposé par Christianisme social
Publié le 5 décembre 2015
Auteur : Mathieu Gervais
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Au-delà de l’horreur, notre colère est nourrie de désespoir : « guerre ! », « sécurité ! », « frontière ! », « urgence ! ». Quelle paix pour les vivants ?
« Même pas peur » ? Si, nous avons peur. Celui qui n’a pas peur c’est le fanatique, celui qui ne tient pas à la vie. Pourquoi avons-nous peur d’avoir peur ? Pourquoi nous dicterait-il notre attitude ? Avons-nous besoin de l’appeler « barbare » pour nous convaincre de notre caractère civilisé ? Pourquoi ne trouvons nous pas dans les paroles publiques et privées de quoi opposer à son élan suicidaire et macabre, une espérance vitale et féconde, une révolution de l’amour universel à sa révolution de la haine systématique ?
Aux cœurs durs nous ne pouvons qu’opposer nos cœurs doux, encore plus doux. Paix.
Notre génération est métisse, libre et en colère.
Elle n’est pas innocente, au contraire elle a hérité de la conscience du sérieux des idéologies, de la violence des inégalités sociales, de l’archaïsme de notre système économique et politique. C’est une conscience physique et quotidienne : nous sommes les exclus présents de l’échec de rêves passés. Nous sommes nés à Tchernobyl irradié, au bord du Chatt-El-Arab ensanglanté, à Berlin réconcilié, sur la place Tien An Men divisée, à Sarajevo bombardé…
Cette violence dont nous héritons n’a pas tué nos rêves, nous ne sommes pas qu’une masse zombie condamnée à la survie par déchéance définitive de l’utopie, de l’espérance et de la révolte.
Au contraire ! Notre génération n’a pas à répondre du génocide juif, elle n’a pas pas fait la guerre d’Algérie, elle ne doit pas faire de mea culpa sur son stalinisme, elle n’a pas à pleurer ses occasions ratées… Nos rêves sont libres, neufs et éternels, utopiques et nécessaires. […]