Il a passé les deux dernières décennies à prêcher et pratiquer une théologie noire. Très attaché aux questions de justice sociale, il n’hésite pas à dénoncer les violences policières envers les afro-américains et les incarcérations de masse. Pour lui le soulèvement social actuel contre le racisme est la continuité d’un combat historique où la religion a joué un grand rôle. 

Comment votre communauté vit-elle les événements de ces dernières semaines (la mort de Georges Floyd et les manifestations qui ont suivi)?

L’époque est lourde: on sent le poids de l’Histoire et combien l’attente de changement dans notre pays est importante. C’est dur à porter moralement. Le sentiment général est un mélange de colère et d’excitation, de frustration et d’espoir. Mais l’espoir reste mesuré.

Au quotidien, comment faites-vous personnellement face au racisme?

C’est inscrit dans votre ADN quand vous êtes africain-américain. Vous devez engager la discussion et lutter contre le racisme pour pouvoir être libre, exprimer votre humanité face à un système et à des gens qui la renient.

Ma spiritualité, mon héritage culturel m’aident à faire vivre l’idée que « nous sommes des enfants de Dieu », cette idée que notre imagination, notre intellect ne sont pas uniquement des dons de Dieu, mais nous servent à résister à chaque fois que nous choisissons de faire ce qu’il faut au nom de notre communauté. Pratiquer notre religion devient un acte de résistance, car notre pratique de la foi, notre théologie sont profondément enracinées dans notre histoire d’Afro-Américains et d’Africains déplacés d’Afrique de l’ouest.

Il est donc possible de pratiquer tout en étant enraciné dans l’identité noire ?

Oui, c’est ce que beaucoup ici appellent «la religiosité noire». La théologie, les croyances, la pratique sont totalement différentes de l’Église évangélique blanche. Il y a un attachement à Jésus qui pour nous est un Palestinien juif au teint foncé, on ne le voit pas comme un blanc de Suède! Pour nous, il y a une […]